Liam Davies

On se demande toujours comment notre vie aurait été si on avait fait tel ou tel choix, ou si d’autres personnes avaient fait ces choix pour nous. Je me suis forcément demandé comment aurait été ma vie si mes géniteurs m’avaient gardé avec eux mais ce n’est pas une question à laquelle je suis parvenu à trouver réponse, parce que de toute façon chaque fois que je commençais à avoir une piste pour les retrouver, elles ne menaient finalement nulle part, comme si le destin n’avait pas envie que je les retrouve. Alors j’ai fini par abandonner.

C’est dans un orphelinat aux Etats-Unis que je me suis retrouvé, sauf que contrairement aux autres enfants présents, je ne voulais pas qu’une famille m’adopte, au fond de moi je savais que mes parents étaient quelque part et je ne voulais pas les trahir en ayant d’autres parents qu’eux. C’est con, hein ? Après tout ce sont eux qui m’ont abandonné en premier. Ouais pour un gamin j’étais assez mature pour mon âge, certains me disaient précoces ou surdoué, enfin ce genre de choses, je dirais que je savais simplement ce que je voulais assez tôt, ou ce que je ne voulais pas en l’occurrence. Du coup à chaque fois qu’il y avait une visite, je faisais tout pour me comporter comme le pire gamin de l’orphelinat alors qu’en temps normal j’étais un vrai petit ange, toujours là pour aider son prochain. Sauf qu’un beau jour mon petit jeu n’a pas fonctionné et une famille a débarqué pour m’emmener avec eux.

Normalement un gosse quand on le prend on ne le rend pas, bah je vous jure que ceux-là m’auront rendu. Pour le coup je me comportais comme un véritable garnement, je piquais mes crises, je fuguais dès que j’en avais l’occasion, je devenais aussi mauvais parfois même si intérieurement je le regrettais. Trois mois, c’est le temps qu’ils m’auront gardé avant de convaincre l’orphelinat de me reprendre en échange d’une certaine somme et j’étais fier de moi, même si la directrice était un peu désespérée par mon cas, enfin à moitié parce qu’en réalité là-bas tout le monde m’adorait. Au final c’était eux ma famille, mais au moins là-bas je n’avais besoin d’appeler personne Papa ou Maman alors ça me convenait.


J’ai eu mon premier job à l’âge de 14 ans, ouais ce n’était pas très légal mais je voulais aider l’orphelinat et puis de toute façon le collège c’était beaucoup trop simple pour moi alors il fallait bien que je m’occupe avec d’autres trucs, donc il y a eu ce boulot et les parcours de rues. J’ai toujours aimé les superhéros quand j’étais gamin et j’aimais déjà jouer les cascadeurs dès que je le pouvais, sauf qu’en grandissant c’est devenu plus sérieux, enfin je ne me prenais pas pour un superhéros mais je m’entrainais à être un véritable Yamakasi. La directrice n’aimait pas trop quand je rentrais avec des bleus ou des blessures mais à côté de ça on me disait toujours que j’étais un bon gamin donc disons que ça compensait.

Ouais je suis loin d’avoir mal tourné comme vous pouvez le constater, par contre je me suis fait avoir plus d’une fois à cause de ma générosité. C’est toujours à moi que les populaires du lycée demandaient de leur devoir et je ne réclamais même pas d’argent en contrepartie. Je me suis aussi fait avoir lors de ma première soirée lycée, parce que j’ai fait confiance au type qui m’avait servi un verre et juré que ce n’était que du soft et résultat des courses la grande majorité de ma soirée reste assez floue, si ce n’est que j’ai passé pas mal de temps au-dessus de la cuvette des toilettes à vomir mes tripes. Oh il y a aussi eu cette fille, ma première fois, mais apparemment j’étais qu’un pari pour elle. N’importe quelle mère m’aurait probablement mis en garde contre cette fille, mais je reste un garçon et forcément je me suis laissé séduire, je me suis laissé avoir aussi et je ne lui en ai même pas voulu… Enfin si mais je lui ai vite pardonné. Et là vous vous dites que je suis un cas désespéré en réalité.


Les choses basculent le jour où je reçois ce courrier, qui est aussi le jour de mon anniversaire. Je devais fêter mes 18 ans à l’orphelinat mais au lieu de ça je suis allé à l’adresse indiquée dans cette lettre anonyme. Et là vous vous dites que ça sent carrément le piège ! Franchement je l’ai pensé aussi mais dans le pire des cas je me dis que je sais me défendre, grimper au mur et aussi que je cours vite donc ça devrait aller, pas vrai ? Du coup je rencontre cet homme envoyé par un certain Etienne Rime… ou Ethan Price ? Ouais j’ai une mémoire de folie mais bizarrement les noms ont toujours été difficiles à retenir pour moi. Bref ce type se met à me parler de mes parents, enfin mes géniteurs quoi et je me demande si c’est réel. Je dois bien être en train de chercher les caméras cinq bonnes minutes avant que le type ne perde patience et me chope par le col en me soulevant du sol aussi facilement qu’une plume, crocs à l’air… Crocs à quoi ? Merde j’avais jamais croisé de vampires ! Même si on entend parlé que de ça aux infos depuis la Saint-Patrick, je ne m’imaginais pas en rencontrer un un jour. Est-ce qu’un coup de pieds aux castagnettes lui ferait quelque chose ? Je tente ma chance et il faut croire que ça fonctionne parce que le type me lâche et je réussi à m’enfuir, ou alors c’est juste qu’il est d’accord pour me laisser partir.

Les jours qui suivent je ne parviens plus à me concentrer sur quoi que ce soit, le vampire n’est jamais revenu me voir mais je n’oublie pas ce qu’il m’a dit. Je n’oublie pas non plus l’adresse qu’il m’a donné et… Je suis majeur après tout du coup officiellement l’orphelinat n’a pas besoin de me loger plus longtemps. Alors je finis par leur annoncer mon départ, non parce que sinon on m’aurait refait le portrait si j’étais parti sans prévenir, et je promets aussi de donner des nouvelles le plus régulièrement possible. Personne ne sait que je pars à la recherche de mes véritables parents, ils n’ont pas besoin de le savoir. Je m’en serais peut-être bien sorti si j’avais eu une autre place dans cet avion, ou si j’avais pris un autre avion tout court. Je n’aurais pas sympathisé avec le type assis à côté de moi, je ne l’aurais pas suivi au moment où il me dit qu’il a quelques bons plans pour me loger avec le peu d’argent que j’ai et je ne me serais pas retrouvé pris aux pièges par ces… bêtes.

J’imaginais un voyage de rêve, première fois que je quittais les Etats-Unis après tout et je me suis retrouvé plongé dans un véritable cauchemar. J’avais du mal à réaliser ce qu’il se passait quand je me suis retrouvé dans une impasse avec ces loups qui m’encerclaient. Je me suis demandé : pourquoi moi ? J’avais rien fait à ce type, j’avais rien fait à personne mais ça m’est pourtant tombé dessus. Je savais que dans un combat je ne m’en sortirais pas face à ces loups alors je n’ai pas cherché l’affrontement, je me suis aidé des murs autour de nous pour leur passer au-dessus et j’ai couru, mais même en courant vite je ne suis pas allé bien loin. Ensuite… Le véritable calvaire commence.