Adjugé, vendu !

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Adjugé, vendu !

Allongé dans mon lit à réfléchir à tout un tas de choses, je tourne en rond. Klara est de sortie ce soir, je ne sais pas où d’ailleurs mais elle est libre d’aller où bon lui semble sans me tenir informé à chaque fois de toute façon. Sauf que le silence de l’appartement m’insupporte, surtout depuis que cette vision m’est revenue avec un peu plus de détails : celle de ma capture. Je me revois parcourir les rues désertes de Londres pour arriver jusqu’à son immeuble, pressé, quelque chose n’allait pas. Je me souviens avoir ressenti cette impression étrange du fait de n’avoir croisé strictement personne dans les rues alors qu’il n’était pas si tard, je ne me doutais pas que tout un quartier avait été mis en quarantaine pour ma capture. Puis je suis arrivé et je l’ai aperçu derrière la vitre de son hall, à moitié cachée dans l’ombre, une larme perlant le long de sa joue. C’est cette larme qui m’a averti du danger. Je n’ai jamais eu le temps de la rejoindre, devant faire face à ces hommes vêtus de noirs qui se sont acharnés sur moi. J’étais convaincu de les faire tomber eux aussi, malgré leur nombre plus avantageux, j’étais confiant, j’avais survécu à pire. Puis ils ont sortis une machine étrange, quelque chose censé me mettre k.o. Ça n’a pas fonctionné du premier coup et j’ai vu la peur se lire sur leur visage avant que l’un d’entre eux ne demande de mettre la fréquence maximale. Je me souviens de la sensation, comme si mon cerveau était sur le point d’imploser. Ces hommes m’ont vaincu lâchement et j’ai toujours cette défaite de travers, surtout quand l’un d’entre eux se rapproche de moi et me dévoile son visage, insinuant que je n’aurais jamais été assez bien pour elle. Ces traits masculins, je les connais et pourtant je suis incapable de savoir d’où.

C’est frustrant. Trop frustrant alors c’est sans doute pour ne pas m’énerver tout seul que je quitte l’appartement moi aussi. J’erre dans les rues sans réel but, espérant seulement parvenir à calmer mes nerfs un peu trop à vif ces derniers temps. J’ai de plus en plus besoin de réponses et commence à sérieusement détester cette sensation de faire du surplace. D’accord Klara semble avoir une piste intéressante, mais c’est frustrant de ne rien avoir à lui apporter de mon côté, je déteste n’être qu’un bon à rien. Puis je m’arrête net au beau milieu de la ruelle, comme si un truc venait d’illuminer mon cerveau. Je recule d’un pas ou deux pour me replacer devant l’affiche que je viens de croiser. Une vente aux enchères. Pourquoi est-ce que j’ai bloqué dessus ? A cause d’une des images mise sur le flyers. Voilà comment je perds un peu de ma mauvaise humeur, arrachant le flyers avant de prendre la direction de l’appartement de Freya.

Les entraînements avec Freya ont été assez réguliers ces derniers temps, elle a besoin de devenir plus forte et j’ai besoin de me changer les idées de mon côté alors ça m’allait très bien. La seule chose qui m’allait un peu moins, c’est le comportement un peu plus distant de la jeune femme, comme si on l’avait modifié. Est-ce moi qui l’ai modifié à cause de mon petit tour d’hypnose ? Je me pose forcément la question, espérant que ce ne soit pas le cas. Je finirais bien par le savoir un jour ou l’autre. C’est donc à son appartement que je tambourine un peu comme un fou, juste histoire qu’elle sache que le bruit la gênera dans ce qu’elle fait si elle ne vient pas m’ouvrir. Oui je suis un emmerdeur dans l’âme et je n’ai aucun problème avec ça. Je me retrouve à tambouriner dans le vide une seconde ou deux lorsque la porte s’ouvre sur une Freya qui me lance un regard… Un regard à la Freya !

« Tu me dois une épée, tu te souviens ? » Et ne viens pas me dire que ce n’est pas le bon moment pour ça, une promesse est une promesse après tout et toi et moi se rappelons très bien de la défaite cuisante que tu as subi lors de notre premier affrontement. J’entre dans l’appartement sans attendre d’invitation de la part de Freya, me moquant bien du désordre à l’intérieur, ce n’est pas comme si j’entretenais mieux mon propre chez moi alors ce n’est pas moi qui viendrais critiquer. C’est donc le flyers que je sors de ma veste pour le placer devant le nez de Freya, un peu trop près peut-être. « J’ai choisi celle je veux. » Je ne sais absolument pas ce que peut signifier le terme ‘mises aux enchères’, tout ce que je sais, c’est que cette épée ressemble à celle du tableau vu à la Whitechapel Gallery. Tout ce que je sais, c’est que cette épée m’appelle comme si je lui appartenais. « Alors, on y va ? » Et c’est un large sourire que je lui adresse, espérant la convaincre de cette façon.

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Adjugé, vendu !

Henrik Aslakson - Freya Coleman

Je termine mon deuxième café de la matinée pour bien me réveiller. Mon rêve de la nuit passée continue encore de m’habiter. Je me trouvais devant une plage, assise sur le sable à côté de Declan. Nous étions tous deux en train de discuter de nos parcours respectifs et de nos choix de vie, au sein des Fratres ainsi que ceux que nous avons fait depuis notre arrivée à Londres. Il y a-t-il des choses qu’il regrette ? Des choses qu’il aurait faites différemment s’il avait pu ? A un moment, son regard finit par croiser le mien et il prend mon visage entre ses mains. « Ne laisse jamais personne prendre les décisions à ta place. » Je m’apprête à lui demander ce qu’il veut dire par là mais il se relève aussitôt et sort sa hache, tandis qu’un homme est en train de s’avancer vers nous. « Va-t-en Freya ! » Pourquoi est-ce qu’il me crie ces mots ? Qui est cet homme ? Je sors mon fouet de ma ceinture afin de lui venir en aide, mais l’homme vient de le plaquer au sol avec une force qui n’a rien d’humaine. Un sourire machiavélique trône sur ses lèvres tandis qu’il commence à appuyer sur la cage thoracique de Declan. Je me mets à courir pour lui venir en aide mais la distance nous séparant ne change pas, comme si je faisais du sur place. L’homme finit par plonger sa main pour arracher son cœur sous mes yeux. Je pousse un hurlement de rage, n’ayant pu le sauver à temps, mais c’est face à moi que l’homme arrive ensuite en une fraction de seconde. Je lève mon regard vers lui afin de le voir de plus près. Sa chevelure blonde, ses yeux hypnotisants... Ses traits sont exactement les mêmes que ceux de la gravure se trouvant dans mon salon à côté de sa lettre : Adrian Mancini. Je m’apprête à abattre mon fouet sur lui mais son regard me fige instantanément. Il m’a ordonné de ne plus bouger et mon corps a aussitôt cessé de m’obéir. Le vampire dépose une main contre ma joue et la descend lentement jusqu’à ma nuque, avant de se rapprocher pour venir humer le parfum de mon sang. Un frisson glacial parcourt l’ensemble de mon corps. J’ai envie d’abattre mon fouet sur lui, j’ai envie de le faire souffrir, pour ce qu’il a fait à mes parents, pour ce qu’il a fait à Declan et à sa famille... Mais mon corps ne répond toujours pas. « N’oublie jamais, que ton sang m’appartient. ». Sur ces mots, ses crocs viennent se planter dans ma gorge.

Je me souviens m’être réveillée en sursaut. Je transpirais et m’apercevais avec effroi qu’une larme venait de couler le long de ma joue. Un rêve presque plus vrai que nature et pour le moins des plus étranges. Une douche glaciale m’a remis aussitôt les idées en place. Ce n’est pas le moment de se laisser aller, le travail m’attend. Mais d’abord, je pense avoir besoin d’un bon bol d’air frais. Voilà bien longtemps que Declan ne m’était pas apparu en rêve. Il me manque bien plus que je ne voudrais l’admettre. J’enfile un débardeur, un jean et une veste et me prépare à sortir lorsque quelqu’un commence aussitôt à tambouriner à ma porte... Et ce quelqu’un bien sûr c’est Henrik. Je pause une main contre main, désespérée par son attitude. C’est une évidence, il n’arrêtera pas de taper avant que j’ouvre cette porte et faire la sourde oreille ne m’a menée à rien la dernière fois que j’ai essayé avec un loup. J’avance jusqu’à la porte et déverrouille le loquet avant de croiser les mains contre ma poitrine et observer Henrik.

« Un jour, tu finiras vraiment par avoir des problèmes avec mes voisins à force de frapper comme ça. »

Henrik est probablement la seule personne en-dehors des Fratres que j’ai continué à voir ces derniers mois, à raison de nos entrainements. Je ne parviens toujours pas à comprendre comment c’est possible, mais il est doté d’une force absolument exceptionnelle. Je n’ai jamais rien vu de tel auparavant, ni chez un loup, ni chez un vampire. Et ce fut une véritable aubaine pour moi qu’il ait accepté de m’entrainer. Rien de mieux pour réussir à progresser au maximum avant l’arrivée d’Adrian et avoir une infime chance de lui tenir tête, bien que pour l’instant je ne sois jamais parvenue à battre Henrik. Malgré tout, je me suis nettement améliorée, mais mon corps reste celui d’une humaine et j’ai bien peur qu’à un moment donné il ne me sera plus possible de parvenir à en repousser davantage les limites. Je reste quelque peu surprise face à sa question mais acquiesce d’un signe de tête lorsqu’il me dit que je lui dois une épée. Un pari est un pari après tout.

« En effet, mais tu... »

Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase qu’il entre de lui-même dans l’appartement. N’ayant pas eu le temps de remettre un peu d’ordre à l’intérieur, je tente de l’arrêter mais Henrik... Eh bien c’est Henrik et c’est avec une affiche sous le nez que je me retrouve l’instant d’après lorsque je tourne ma tête vers lui. Je recule d’un pas avant qu’il ne finisse par la coller à mon visage et attrape la feuille en question, lorsqu’il me dit que c’est celle qu’il a choisie. J’écarquille de grands yeux en reconnaissant l’épée que j’ai analysé la semaine dernière afin d’en évaluer sa valeur ainsi que le siècle auquel elle appartient pour la mise aux enchères prévue aujourd’hui. Je baisse la feuille pour observer de nouveau Henrik.

« Tu as choisi... Cette épée ? »

Je le vois confirmer avec un grand sourire avant de me demander si je suis prête à y aller. Seigneur, cet homme m’étonnera toujours. A-t-il seulement une idée des sommes astronomiques que peuvent atteindre les objets vendus aux enchères ? Certes, ce n’est pas forcément le cas de tous les objets néanmoins étant donné que cette épée remonte à l’ère Viking...

« Tu devrais en choisir une autre. Cette épée est assez ancienne et va être vendue aux enchères comme objet de collection dans moins de trois heures tu en es conscient ? Même si je pouvais te faire entrer, les chances que personne ne renchérisse sur cette épée sont infimes et... »

Je m’arrête en voyant son air insistant et déterminé. Oui, je sais que j’ai perdu mon pari et que je lui ai promis l’épée de son choix et même si la chance est infime, s’il y a une possibilité que je puisse obtenir cette épée et tenir ma parole... Je finis par rouler des yeux avant d’accepter sa demande.

« Très bien tu as gagné. Mais j’espère que tu es conscient que le prix final auquel sera vendu cette épée ne dépendra pas de moi. Tu as de la chance, j’ai des pass pour les ventes aux enchères étant donné que j’analyse une grande partie des œuvres qui y sont vendues. Mais si tu veux entrer, tu vas devoir être habillé en conséquence. »

Un demi sourire amusé naît sur mes lèvres en imaginant Henrik porter un costume. Voilà bien longtemps que je n’avais pas souri par ailleurs.

« Toujours partant ? »