Une piste sérieuse, on en a enfin une qui porte le nom d’un club : le Crisp Night. Les esprits se sont amusés à nous ralentir dans nos recherches et nous mener vers de fausses pistes, mais c’était sans compter sur notre entêtement pour rencontrer cette famille. On ne refuse rien à un Rice et Faith et moi sommes motivés à les rencontrer, alors ce ne sont pas quelques détours qui vont nous décourager. On passe notre temps à bouger et faire de la route de toute façon, ça fait partie de notre quotidien alors franchement perdre quelques journées ne change pas grand-chose, au final le plus important est d’atteindre notre but. C’est un poignard que je continue de limer depuis la place passager de la voiture, mon nouveau jouet. Faith a une fois de plus gagné le défi, du coup c’est elle qui conduit la voiture volée. On est obligé de changer régulièrement pour ne pas se faire attraper, ça aussi ça fait partie de notre quotidien.
Mon doigt glisse sur la lame, vérifiant le tranchant de cette dernière. Etant satisfait du résultat, je range le poignard entre mes vêtements et jette un coup d’œil dans les ruelles alentours. La nuit ne va plus tarder à tomber maintenant, imposant le couvre-feu qui règne sur Londres. C’est dommage qu’il y ait ces stupides lois, c’est la nuit que tout le monde attend, la nuit qu’on se sent tous vivant. Les humains ne sont vraiment pas amusants avec leurs stupides règles. « Je crois que c’est ici. » En tous cas si on se réfère à la carte on est dans la bonne rue. Oui ce n’est pas parce qu’on a que dix-neuf ans qu’on ne sait pas se servir d’un plan ! C’est bien plus fiable que les gps parfois. C’est dans la rue d’à côté que Faith gare la voiture dont on descend, direction le Crisp Night.
Il y a un type posté devant la bâtisse qui a l’air fermée qui nous dévisage de la tête aux pieds. Un humain, forcément vu qu’il fait encore jour. C’est sa main qu’il place sur mon épaule pour m’empêcher d’aller plus loin, cette main que je regarde avec un certain dégoût avant de relever mon regard dans celui de l’homme qui prend la parole. « Une minute vous deux, vous pensez aller où comme ça ? Je ne suis même pas sûr que vous ayez l’âge d’entrer dans ce genre d’endroit. » Mon regard vient croiser celui de ma jumelle avant de revenir se poser sur le type. C’est sa main que j’attrape sèchement pour la retirer de mon épaule et la relâcher. « On est des Rice, peu importe notre âge on a le droit d’être là. » Et de toute façon on ne se trouve pas aux Etats-Unis, alors ici on a parfaitement l’âge requis pour consommer si on en a envie. Le type semble s’arrêter sur la première information que je lui ai donnée et fronce les sourcils. « Des Rice ? Quels sont vos prénoms ? » Si j’accepte de lui répondre, c’est uniquement parce qu’il ne me touche plus. « Faith et Fynn. » Il fronce d’autant plus les sourcils et semble vouloir vérifier quelque chose dans un carnet. J’attends, remarque que Faith s’impatiente et moi aussi d’ailleurs. « Désolé les jeunes mais vous n’apparaissez sur aucune liste. » Très bien, cette fois il a abusé de ma patience.
« C’est parce qu’Hayden ne nous a pas encore rencontré. » C’est de l’énergie autour de nous dont nous nous servons Faith et moi pour éjecter violemment le corps de l’humain à travers la porte sans même avoir bougé. Le choc a été suffisamment puissant pour le mettre k.o et j’attrape la main de ma jumelle pour l’entraîner avec moi à l’intérieur. C’est à une table du Crisp Night que nous nous installons tranquillement pendant que deux types arrivent, l’un d’entre eux veut relever l’humain à terre mais les rayons du jour qui pénètrent à l’intérieur l’en empêchent. C’est vers nous que les deux vampires approchent, l’air menaçant. « A votre place je ne ferais pas ça. » S’en prendre à nous, voilà ce qu’ils ne doivent pas faire. « Je ne pense pas qu’Hayden serait ravi d’attendre que ses employés s’en sont pris à des membres de sa famille. D’ailleurs vous seriez charmant de l’informer de notre présence, nous ne bougeons pas d’ici. » Les vampires semblent hésiter mais comme ils ne sont que des employés, ils ne prendront pas une décision d’eux-mêmes, alors c’est un téléphone qui est sorti d’une poche pour avertir le patron de notre présence et de notre petite entrée. Le vampire acquiesce, raccroche et se contente de rester planté là à nous fixer. Visiblement Hayden a dû lui demander de nous garder à l’œil. « Ce n’est pas très accueillant ici, est-ce qu’on a au moins le droit à un verre pour patienter ? Faith, tu as envie de quelque chose ? »
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Sujet: Re: Famille nombreuse Mar 19 Nov - 4:15
Famille nombreuse
Fynn Rice - Faith Rice - Hayden Rice
Je rentre dans mes appartements du Centre de Londres après avoir fait un détour au manoir pour récupérer un objet un peu particulier avec l’accord d’Ethan. Si mes appartements s’avéraient déjà plutôt confortables malgré le peu de temps que j’y passais, je viens d’y faire aménager une aile supplémentaire entièrement dédiée à ma nouvelle invitée. Un grand salon, une chambre et tout le confort dont elle aura besoin, avec une spécificité un peu particulière : une barrière de protection empêchant toute magie de cette aile d’être détectée à l’extérieur grâce à une connaissance sorcière dont j’ai toute confiance. Cette astuce m’a permis provisoirement de la dissimuler aux yeux de tous pour le moment, mais cela est loin d’être suffisant. Je ne peux pas la garder indéfiniment enfermée dans cet endroit, elle finira par se lasser. Je suis donc parvenu à trouver une autre solution avec l’aide de mon frère.
J’entre dans le grand salon avant de me diriger vers elle, la retrouvant allongée sur le canapé, l’air de s’ennuyer. A ses pieds git un cadavre humain... A croire que l’entrainement d’aujourd’hui n’a pas été plus fructueux que celui d’hier. La magie de la sorcière est extrêmement instable. Elle se redresse en me voyant arriver et se met en position assise tandis que je viens m’asseoir juste à côté d’elle, sortant un médaillon de la poche intérieure de ma veste pour le lui donner.
« Je sais que ces derniers jours ont dû te paraître longs, mais tu vas enfin pouvoir circuler dans Londres à ta guise en pleine journée et sans risquer d’attirer l’attention. Ce médaillon va canaliser une partie de ta magie et te permettras de te déplacer sans laisser de cadavre derrière toi. Plus important, personne ne pourra localiser ta magie. Porte-le toujours sur toi et ne le retire que si ta vie est en danger. »
Le sourire ravi qu’elle m’adresse suffit à me confirmer que j’ai pris la bonne décision. Quoi qu’il en soit, je ferai en sorte qu’il y ait toujours quelqu’un pour la protéger en cas de besoin même si le risque qu’elle se fasse remarquer devrait être beaucoup plus minime désormais. Je termine tout juste d’enfiler le médaillon à son cou que mon téléphone se met à sonner.
« Oui... »
J’écoute le vampire me conter l’histoire de ce qu’il vient de se passer au Crisp Night, me donnant une information pour le moins des plus étranges. Deux Rice qui ne seraient pas sur la liste... Et aucun des deux n’est Bastian. Oui, j’ai peut-être oublié de le mentionner, mais mon demi-frère est le seul Rice n’étant pas autorisé à entrer au Crisp Night. J’ai même laissé carte blanche à mes hommes de lui faire ce qu’ils voudront s’il tente un jour de forcer l’entrée en promettant une augmentation de salaire à celui qui lui fera le plus mal. Lorsque mon employé finit par me demander quels sont les ordres concernant les deux étrangers qui viennent de forcer l’entrée en se faisant passer pour des Rice et en ayant demandé à me voir, je me fais on ne peut plus bref.
« Ne leur faites rien pour le moment. Je vous rejoins à la nuit tombée. Ne les quittez pas des yeux. »
Je raccroche et reste pensif quelques instants. J’ignore qui sont ces deux étrangers, mais j’espère pour eux qu’ils connaissent le sort qui attend ceux qui tenteraient d’usurper notre nom. S’approprier le nom des Rice juste pour une entrevue ou une quelconque entourloupe est bien la dernière chose à faire lorsque l’on tient un tant soit peu à sa tête. Des personnes qui prétendent être Rice et qui ne sont pas vampires, voilà qui est bien curieux. Complètement impossible ? Je ne pourrai pas l’affirmer à 100%, mais la lignée des Rice se termine pourtant avec Ethan, Abigaël, Bastien et moi-même. Certes, du temps où nous étions humains, Ethan et moi avons eu de nombreuses aventures et il n’est pas impossible que des enfants illégitimes aient pu voir le jour, mais s’il y avait eu un seul de ces enfants qui s’était appelé Rice, nous en aurions forcément entendu parler en un siècle ainsi que de leurs descendants, voilà pourquoi cette théorie me paraît vraiment peu probable. Quant à Bastian... Je ne préfère même pas songer à l’idée qu’il pourrait en exister d’autres comme lui. Je penche donc à tous les coups pour une mauvaise blague. Je m’excuse auprès de mon invitée de devoir repartir si vite, mais la nuit tombe assez rapidement et je n’ai pas l’intention de tarder pour m’occuper de cela. J’arrive au Crisp Night et arrête mon regard sur mes hommes qui sont en train de relever le vigile. Je jette un rapide coup d’œil à la porte complètement cassée, constatant les dégâts qui n’auraient vraisemblablement pas été fait par une force humaine, avant de tourner à nouveau mon regard vers le vigile qui blêmit et s’incline aussitôt en m’apercevant.
« Toutes mes excuses Majesté... » « Nous verrons cela plus tard. »
J’entre au Crisp Night sans un mot supplémentaire avant de les apercevoir enfin... Les deux terreurs qui ont cassé ma porte et fait voler mon vigile qui fait au moins deux fois leur taille. Ils sont tranquillement assis, un verre à la main. La jeune femme doit sans doute être la sorcière. L’homme à ses côtés n’étant pas un vampire, j’en déduis qu’il n’est sans doute qu’un simple humain ou bien son initié. J’ajuste la veste noire de mon costume avant de les rejoindre et m’asseoir sur juste face à eux.
« J’espère que vous avez conscience qu’en étant entrés de cette façon dans cet établissement, c’est votre tête que vous êtes en train de jouer. Par chance pour vous, la vôtre tiendra un peu plus longtemps que celle de mon vigile. Après tout, il est peu commun de se retrouver face à des gens qui prétendent être des Rice alors que les derniers restants sont des vampires. »
Un sourire malicieux apparaît sur le coin de mes lèvres tandis que je suis déjà impatient d’entendre ce qu’ils ont à dire pour justifier de s’être fait appeler par notre nom de famille.
« Je suis Hayden Rice. Avant de démarrer, permettez-moi de corriger une regrettable erreur de mes employés... »
Je fais un signe de tête à la sorcière se trouvant de l’autre côté du bar lorsque, dans la seconde qui suit, toutes les armes se trouvant potentiellement sur les deux personnes face à moi se dirigent toutes comme aimantées vers le mur près de l’entrée. Un dispositif que j’ai fait installer récemment pour ne pas avoir de mauvaises surprises avec les militaires, les Fratres et l’Unité.
« Le Crisp Night est l’un des rares clubs où les sorcières et les vampires sont sur un même pied d’égalité. La magie est donc autorisée en ce lieu, mais les armes sont proscrites. Pas d’inquiétude, vous les récupérerez en partant, si du moins vous êtes bien ceux que vous prétendez être. »
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Sujet: Re: Famille nombreuse Mar 19 Nov - 14:35
- Famille nombreuse -
Le bout de ma Converse s’agite sur le sol dans un tapotement agacé quand le vigile de l’entrée pose une main sur l’épaule de Fynn. Ce geste que l’on fait quand on se retrouve face à des enfants ou devant un pote de longue date. Je déteste la proximité qu’impose cette main, je hais le fait qu’on puisse le toucher lui. Je laisse mon jumeau gérer la situation parce que, si ça ne tenait qu’à moi, le gars serait déjà en train de virevolter dans les airs, façon bien moins gracieuse que Mary Poppins. On n’est pas sur sa liste des gens autorisés à entrer. Bah ouais, abruti, c’est normal. Et je n’arrive pas à empêcher ce sourire satisfait quand l’homme se retrouve projeté à l’intérieur du club en défiant toutes les lois de la gravité. C’est ma montre que je regarde avant de lancer un sifflement impressionné à Fynn. « Tu as tenu plus de deux minutes. Bravo, j’aurais pas dépassé les trente secondes. » Je ne suis pas un modèle de patience, il faut bien l’avouer.
Je laisse Fynn nous entrainer à l’intérieur et m’installe à la table de son choix. On ne reste pas seul bien longtemps, deux vampires arrivent rapidement. Je hoche la tête pour confirmer ce que viens de dire Fynn : il vaut mieux éviter qu’ils tentent quoique ce soit. D’accord, je l’admets, on n’a peut-être pas choisi la meilleure méthode pour venir nous présenter. Mais, je crois qu’on n’est pas très doués pour user de manières plus conventionnelles. Je ne saurais même pas comment m’y prendre. Je secoue la tête à la question de mon jumeau : non je n’ai envie de rien, hormis que le Rice débarque. Je déteste ça, rester à rien faire et compter les mouches voler… Surtout quand il n’y a aucune mouche dans ce genre d’endroit.
Je tape un rythme sur le bord de la table, secoue la tête en fredonnant intérieurement les paroles d’une chanson. J’arrête. Je bascule sur ma chaise, essaie de garder l’équilibre sur les deux pieds de celles-ci. J’arrête. Je fais une bataille de pouces avec Fynn. Il gagne. J’arrête. Je regarde ma montre en me disant que j’ai gagné pas mal de temps. Trois minutes. « pffff. » Je m’écroule théâtralement sur la table, mon front venant cogner dessus dans un très, très, très long soupir d’ennui. J’essaie de compter les secondes, mais ne vais pas plus loin que 12 quand je me décide à relever la tête en repoussant les cheveux qui auraient eu le malheur de se foutre devant mes yeux.
Et on attend… On attend… Jusqu’à ce que la nuit tombe. En vrai, on n’a pas attendu tant que cela, c’est juste que ça m’a semblé une éternité. Y a les gars qui peuvent enfin ramasser le vigile au sol. Ce n’est pas ce qui m’intéresse, parce qu’il y a aussi un nouvel arrivant qui fait son apparition. Pas besoin qu’il se présente, on sait déjà qui il est quand un gars vient s’excuser lamentablement auprès de lui. Enfin ! C’est assez étrange, je suis très partagée concernant cette rencontre. On avait vraiment envie de rencontrer cette famille et, maintenant que c’est sur le point de se faire, je ne suis plus très sûre de le vouloir. Le concept même de famille a toujours été une putain de déception pour nous deux et je me demande en quoi ça serait différent maintenant.
« La façon dont on est rentré ? » Je hausse un sourcil en direction du vampire qui vient d’arriver. « Pourtant, on a demandé gentiment. » Ce n’est quand même pas de notre faute si l’autre ne nous a pas cru et qu’il est resté figé sur sa liste de personnes autorisées. Je secoue quand même la tête l’air réprobateur quand il parle de nos têtes. Terrain glissant, il vaut mieux éviter les menaces. Et c’est finalement un soupir que je laisse passer quand il explique qu’on ne fait que prétendre être des Rice, puisque tous les restants sont des vampires. Ça m’énerve mais je ne peux pas vraiment lui en vouloir d’avoir des doutes. Et je veux bien rester calme et un minimum courtoise – autant que je le peux en tout cas – mais ça commence à devenir compliqué quand je vois le couteau de Fynn voler à travers la pièce pour aller se plaquer contre un mur.
C’est sur Fynn que je pose mon regard. « Attends, c’est ça un Rice ? Le nom connu dans le monde du surnaturel qui fait tellement flipper que personne ne veut filer des infos ? » En tout cas c’est ce que nous a dit le dernier type interrogé avant de mourir. Et il va de soi que je mets toute l’ironie possible dans cette interrogation. « L’gars il est vraiment en train de se protéger en t’enlevant un couteau ? » C’est un vampire, non ? Une arme ne devrait pas l’inquiéter tant que cela. Je secoue la tête, arrête de parler comme si Hayden n’était pas là pour reporter mon attention sur lui. « Bon ok. A nous. » Je m’installe un peu plus confortablement sur ma chaise après les petites recommandations du vampire et des règles de ce lieu. « Déjà ce serait bien d’arrêter de lancer des menaces, voilées ou non. » Que ce soit en parlant de nos têtes ou en laissant sous-entendre qu’on n’aura pas l’occasion de récupérer quoique ce soit si on ment. « Ça a tendance à être assez mal perçu. » Et de nous énerver encore plus vite que la moyenne.
« Ensuite, c’est pas d’notre faute si l’aînée de ta fratrie a fait n’importe quoi en étant jeune. » Au moins il devrait comprendre de quelle lignée on descend. « Pas étonnant qu’elle se soit cachée derrière une attitude pieuse pour tenter de se faire pardonner son péché de jeunesse. » Les gens de l’époque étaient franchement trop coincés. Devoir attendre le mariage pour coucher, sous peine d’être pointé du doigt, ça craint. Alors quand, on plus de se taper un mec, on tombe enceinte… Bah voilà ce que ça donne : une honte pour la famille qu’il faut cacher aux yeux du monde en se séparant de l’enfant.
Pas étonnant que Faith n’aurait pas tenu plus de trente secondes, de nous deux elle n’a jamais été la plus patiente, alors je me contente d’hausser les épaules avant de l’inviter à entrer. Les dames d’abord. Quand je vous disais que ma jumelle n’est vraiment pas patiente, son attitude dans le Crisp Night le prouve clairement. Je m’y attendais, c’est bien pour ça que je lui ai proposé de boire un truc, histoire d’avoir un semblant de chose à faire le temps que les minutes s’écoulent. Tant pis, je suis le seul à réclamer un Coca Cola, ce qui semble d’ailleurs choquer les types autour de nous, à croire qu’un Rice est censé boire autre chose. J’ai dix-neuf ans les gars et l’alcool n’a jamais été une passion pour moi. Bref le Coca au final c’est Faith qui l’entame à moitié parce qu’elle ne peut pas s’empêcher de piquer dans ce que j’ai, mais il faut dire que l’inverse est vrai aussi. On attend encore quelques minutes qui paraissent être une torture pour ma jumelle tandis que j’essaie d’imaginer à quoi peut bien ressembler cet Hayden.
Puis la nuit tombe et le voilà enfin qui débarque au Crisp Night. Je reste silencieux, tourne mon regard sur lui et le dévisage de la tête aux pieds. Est-ce que ce type porte des costumes tous le temps ? Ça doit être chiant et ça lui donne un air coincé en plus. Peut-être qu’il l’est vraiment. Bon d’accord une part de moi le trouve vachement classe aussi mais je préfère rester sur le fait qu’il est coincé. Le vampire approche et semble vouloir nous faire une leçon de morale par rapport à notre arrivée sur place et le fait qu’il ne faut pas usurper un tel nom de famille. Ça agace Faith, forcément, et moi j’essaie d’imaginer le vigile sans sa tête et me dis que c’est un spectacle auquel j’aurais bien envie de participer. On a déjà tué mais je n’ai jamais vu de corps sans tête en dehors des films. « Un point pour Faith, on a vraiment demandé poliment au vigile. » Du moins avec autant de politesse dont on est capable. « En fait c’est lui qui a été mal poli de remettre notre parole en question. » Ce n’est pas très sympa de douter du fait qu’on puisse être des Rice, ce qu’Hayden est justement en train de faire d’ailleurs.
Il se présente, comme si on ne savait pas déjà à qui on avait à faire, et c’est là qu’il enclenche un mécanisme magique qui fait voler mon couteau à travers la salle pour qu’il se retrouve comme aimanté à un mur… Sauf que la sorcière plisse les yeux en me fixant et la seconde suivante se sont trois shuriken, un poignard et un poing américain qui sortent de mes vêtements pour rejoindre le couteau contre le mur. C’est là qu’encore une fois plusieurs regards se portent sur moi et je me contente d’hausser les épaules. « J’aime les armes blanches. » J’en suis même un collectionneur, mais ils n’ont pas besoin de le savoir. « Et je tiens à les récupérer en partant, sans exception. » Je vois bien ce vampire loucher sur l’un de mes shuriken mais il est hors de question que je laisse ce type me voler, je ne suis pas très partageur avec mes affaires, sauf quand il s’agit de Faith.
En parlant de ma jumelle, elle n’en perd pas une pour narguer Hayden et semble réellement se demander s’il valait le coup du déplacement. Je me pose forcément la question moi aussi, pas à cause de mes armes dont je me retrouve privée mais parce que je ne cesse de me demander si on sera réellement ravi de rencontrer cette famille. Savoir qu’ils existaient, c’était un peu comme nous donner un nouvel objectif à atteindre, mais maintenant qu’on y est je me demande si je ne serais pas déçu, de lui et de tous les autres Rice. Quoi qu’il en soit je laisse à Faith le soin de poser les bases, expliquer qu’on est des descendants de l’aînée qui a eu un gosse hors mariage qu’il a fallu cacher. « De toute façon je ne vois pas en quoi ça a l’air si étonnant, visiblement il y a une autre sorcière dans le coin qui est une propriété Rice. » Faith et moi sommes partis du principe que cette propriété devait probablement être un membre de la famille. « Alors une ou trois… ce ne sont que des détails. » Est-ce qu’on acceptera pour autant de partager cette place avec cette autre sorcière ? Moins sûr.
C’est agaçant, je n’aime pas me retrouver démuni de mes armes, je ne comptais pas spécialement m’en servir mais j’apprécie les avoir sur moi ou de simplement pouvoir jouer avec en discutant. Tant pis. « Les esprits étaient vraiment motivés à nous empêcher de vous trouver. » Ce qui ne nous a donné que plus envie d’avancer dans nos recherches, on est comme des gamins en fait, interdisez-nous quelque chose et on fera tout pour l’avoir. « Mais on gagne toujours. » Il faut croire que c’est dans les gênes d’être vainqueur. « Enfin je ne sais pas si on peut encore parler de victoire, parce que pour l’instant rien ne prouve que vous êtes les Rice redoutables dont on a entendu parler. » Vois-tu cette petite lueur de défi dans mon regard ? Bien sûr qu’il la voit, le petit être prétentieux que je suis vient tout bonnement de retourner la situation, demandant à Hayden de prouver ce qu’il vaut, il n’y a de raisons qu’il soit le seul à douter de notre légitimité à porter le nom Rice.
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Sujet: Re: Famille nombreuse Ven 22 Nov - 22:20
Famille nombreuse
Fynn Rice - Faith Rice - Hayden Rice
Rares sont les personnes qui entrent dans ce club sans y avoir été invitées. Encore plus rares sont celles qui le font tout en se vantant d’avoir au préalable poliment demandé à mon vigile de les laisser entrer avant de décider de le faire d’eux-mêmes par la force. J’observe les deux jeunes gens tour à tour, me demandant si leurs faits relèvent d’une totale inconscience ou bien d’une attitude volontairement suicidaire ? Beaucoup sont morts pour beaucoup moins que cela et même si je ne suis pas particulièrement ravi de m’en prendre aux sorcières, cette attitude a le don de m’irriter et ne saurait rester impunie. Si nous tolérons que n’importe qui puisse utiliser le nom des Rice, c’est notre crédibilité qui en pâtira.
Ma sorcière active le sort anti-armes qui fera désormais partie intégrante de cet établissement. Cette nouveauté a pour but de rassurer les vampires et les sorcières qui se trouveront au Crisp Night une fois le couvre activé, tout en nous prévenant également de la présence d’intrus indésirables en ce club. Et d’après ce que je vois, l’homme accompagnant la sorcière ne manquait pas d’armes sur lui, bien qu’il se justifie en disant simplement qu’il aime les armes blanches. La remarque de la sorcière me fait cependant hausser un sourcil lorsqu’elle ironise sur ma réputation et le fait que j’ai activé ce sort afin de me protéger d’un couteau. Cette nouvelle jeune génération est décidément bien trop imbue d’elle-même.
« Ma chère, ma protection personnelle n’a rien à voir avec les armes que vous possédez sur vous et qui par ailleurs, ne seraient pas suffisantes pour tuer un vampire. Cet établissement a des règles et il convient à tous ceux qui y pénètrent de les respecter, peu importe leur nom. C’est de cette façon que sa réputation et sa clientèle sont maintenues. »
De toute évidence, le respect des règles a tendance à se perdre à mon plus grand désespoir. J’ai déjà pu le constater avec Hannah à maintes reprises et je suis encore loin d’arriver au bout de mes peines. Les deux vampires près de l’entrée échangent un regard lorsque la sorcière reprend en me conseillant d’arrêter les menaces car elles ont tendance à être mal perçues. Je n’ai même pas besoin de me retourner pour savoir ce qu’ils sont en train de penser à cet instant. Il va y avoir d’autres morts ce soir, c’est une évidence. Et si je ne leur réponds pas tout de suite qu’ils ne se rendent probablement pas compte que les autres Rice de la famille n’auraient sans doute pas été aussi patients que moi avant de mettre un terme à leur existence si on s’était adressé à eux avec autant d’insolence, je suis très nettement surpris par la remarque qui suit.
La jeune sorcière vient de faire une allusion à notre sœur aînée et vient de capter tout mon intérêt. Mais à partir de cet instant, nous allons avoir un véritable problème tous les trois. Aucun être vivant si l’on peut dire hormis Ethan, Abigaël, Bastian et moi-même ne connaît l’existence de notre sœur aînée, morte à la même époque que nos parents avec son mari ainsi que ses enfants. Par ailleurs, notre sœur aînée ayant été la plus pieuse de notre famille, il n’y a pas la moindre chance que pour que cette histoire puisse être vraie. Le problème, c’est que la sorcière aborde également ce sujet pour justifier leur naissance et à nouveau, personne y compris eux-mêmes d’ailleurs ne devrait pouvoir connaître cette information à part nous. Je n’aime pas les facteurs de probabilité trop incertains. A cet instant, plusieurs possibilités sont en train de germer dans mon esprit, essayant de trouver le véritable mot de la fin de cette histoire. Je n’exclus pas non plus la possibilité que tout cela soit une ruse de l’Unité afin de nous atteindre. Après tout, puisqu’ils capturent également des sorcières, ils pourraient très bien avoir des sorcières de l’Ether ou des nécromanciennes à leurs côtés ayant pu réussir à mettre la main sur certains de nos ancêtres. Après tout, une autre donnée ne colle pas avec leur histoire : il n’y a jamais eu de sorcière au sein de la famille Rice.
Je tourne mon regard vers le jeune homme lorsque celui-ci ajoute ne pas être étonné puisqu’il semble persuadé qu’une autre sorcière Rice existe également. Sa remarque me fait arquer un sourcil. Aucune sorcière n’a jamais été qualifiée de propriété Rice en ma présence. Les deux seules sorcières actuellement sous notre protection sont Hannah et la jeune mentaliste que je viens de ramener à Londres, néanmoins, aucune d’entre elles ne sont Rice et il serait discourtois de les qualifier de propriété Rice même si leur causer du tort reviendrait à signer son arrêt de mort. Pour finir, le jeune homme aborde le sujet des esprits qui apparemment auraient tout fait pour les empêcher de nous trouver. Voilà qui vient renchérir l’une de mes hypothèses mais néanmoins pas la bonne.
Si j’ai continué d’être silencieux jusqu’à présent, c’est pour être l’affut du moindre détail qui pourrait les trahir à travers tout ce qu’ils sont en train de déballer. Mais cela semble prendre fin lorsque le jeune homme conclut sur une dernière provocation destinée à m’atteindre. Je suis plongé dans mes réflexions durant quelques instants. Ils en ont trop dit pour que je ne prenne pas cette situation au sérieux. S’ils sont réellement des Rice et qu’ils sont mortels, personne ne doit jamais l’apprendre, autrement ils seront les premiers ciblés par nos ennemis. Et s’ils ne sont pas ceux qu’ils prétendent, ils devront également périr pour avoir en leur possession des informations nous concernant qu’ils n’auraient jamais dû connaître.
Il y a actuellement quatre personnes hormis nous trois dans ce bar, toutes appartenant à mon personnel : deux vampires, le vigile humain et l’une de mes sorcières. Je prends une profonde inspiration et usant de ma vitesse de vampire, je viens me mettre face à ma sorcière derrière le bar.
« Oublie tout ce que tu viens d’entendre à propos de ces jeunes gens et du nom Rice. Il y a un service de nettoyage à appeler car nous venons d’avoir un regrettable incident et trois corps doivent disparaître. Le Crisp Night sera fermé ce soir. »
Si jusque-là on aurait pu croire que je faisais allusion au vigile et aux deux jeunes intrus, c’est en réalité face aux deux autres vampires que je me dirige et plonge chacune de mes mains juste sous leur poitrine avant de ressortir leur cœur respectif et le jeter au sol. Je termine enfin par le vigile apeuré qui tente de se sauver en courant avant que ma main vienne le décapiter, le sang de ce dernier tâchant la chemise blanche sous la veste de mon costume. Sa tête roule jusque devant l’un des jumeaux. Quant à moi, c’est bien entendu la tâche de sang qui m’irrite profondément. Je me retourne vers les deux prétendants au titre Rice et attrape un mouchoir blanc dans la poche intérieure de ma veste pour commencer à essuyer mes mains, avant de finalement m’adresser de nouveau à eux, leur indiquant les escaliers d’un signe de tête.
« Il semble que nous ayons certains sujets à éclaircir. Montez tous les deux. Aucune oreille indiscrète ne pourra nous entendre à mon bureau. »
Si les deux jeunes gens doutaient encore de la réputation sanglante des Rice, voilà qui devrait définitivement achever de les convaincre. Je retire ma veste ainsi que ma chemise avant d’en attraper une autre pour me changer. L’avantage d’être à mon club, c’est que je ne manque pas de vêtements de rechange en cas de besoin. Je les rejoins juste après à mon bureau avant de refermer derrière moi et les inviter à s’asseoir sur des fauteuils plus confortables.
« Bien. Il semblerait que nous ayons un problème. Vous disposez d’informations qui de toute évidence ne devraient pas se trouver en votre possession. Mais certains éléments de votre histoire ne tiennent pas la route. Pour commencer, ma sœur n’a jamais eu d’enfants hors-mariage et même si cela avait été le cas, vous n’auriez jamais pu avoir vent de son existence étant donné les générations qui vous séparent de l’époque où nous étions encore humains. »
Le premier point est donc de savoir de quelle manière est-ce qu’ils ont pu découvrir l’existence de ma sœur car par eux-mêmes, c’est totalement impossible. Cela dit, j’ignore encore de quel type est la sorcière. Si elle possède le don de l’Ether ou qu’elle est nécromancienne, il ne serait pas impossible qu’elle puisse être en contact avec les esprits. Mais c’est là que démarre le second problème : il n’y a jamais eu de sorcière Rice au sein de la famille.
« Ensuite, j’ignore où vous avez entendu dire qu’il existe une autre sorcière Rice mais vous avez dû vous méprendre. Si certains d’entre nous ont une bonne entente avec les sorcières et en protègent certaines, il n’y a jamais eu de sorcière au sein de la famille Rice. Il est donc impossible que l’un d’entre vous puisse avoir le don de magie en ayant été mis au monde par une femme de notre famille. »
Voilà pourquoi de mon point de vue il ne peut s’agir que d’une imposture.
« Pour finir... mes avertissements n’ont pour but que de vous prévenir de ce qui vous attend dans le cas où toute cette mise en scène ne serait qu’une ruse étant donné que vous paraissiez douter de notre réputation. Vous pouvez me croire, tous les Rice n’ont pas toujours la courtoisie d’offrir cette prévention avant d’agir car nous avons un nombre d’ennemis plutôt conséquent. Je ne poserai cette question qu’une seule fois : est-ce que c’est l’Unité qui vous envoie ? »
Humain, sorcière ou initié, on ne dissimule pas le son d’un battement de cœur qui ment. Je vais donc pouvoir être fixé d’ici peu sur cette question qui me taraude depuis le début parmi tant d'autres depuis leur arrivée.
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❝ Faith Rice ❞
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Sujet: Re: Famille nombreuse Mer 11 Déc - 2:54
- Famille nombreuse -
Un point pour Faith… J’affiche une moue déçue en direction de mon jumeau. « Seulement un ? T’es dur ! » Je n’insiste pas plus, le laisse poursuivre pour appuyer ce que je viens de dire. J’y vais même à renfort de larges hochements de tête en désignant le vigile de l’index. Le fautif, c’est lui, rien que lui ! Oui, oui !
Hayden se rend-il compte à quel point on a eu du mal à avoir accès à notre véritable identité ? Il est logique de penser que non, que le vampire ne peut pas être au courant du parcours du combattant qu’a été cette quête de vérité. Je décide d’user de mauvaise foi, d’oublier cette logique et de lui en vouloir pour, comme le vigile, mettre notre parole en doute. Alors, avant de faire mon petit laïus sur la parfaite aînée de la famille, et pas si prude que cela dans sa prime jeunesse, je décide surtout de mettre un point d’honneur à trouver ridicule qu’on désarme mon frère. Si ce dernier précise son amour pour les armes blanches et son envie de les récupérer en partant, Hayden commence à parler de règles.
Je laisse ma tête retombée sur la table où je suis installée dans un long, très long, soupir. Vampire ou pas, Hayden est avant tout un adulte et, comme tous ceux de cette catégorie, il se sent obligé d’avoir des règles à respecter. C’est bien un truc de vieux ça, s’imposer des restrictions et d’en imposer aux autres en invoquant le respect. Quelle connerie, ouais ! Je suis bien trop jeune et irréfléchie pour m’encombrer et comprendre de telles choses. Les règles, de mon point de vue, c’est comme un gros bouton rouge clignotant et mis en évidence sous un panneau qui dit de ne surtout pas appuyer dessus… ça donne forcément envie de le faire !
Je suis sage, raisonnable et ne répond rien aux premières paroles du vampire quand il termine son exposé bref – mais qui lui a pourtant semblé bien long – sur les raisons de règles à respecter. Fynn est-il fier de moi ? Je décide que c’est le cas et me mets à exposer la situation, à parler de cette sœur aînée qui a mis au monde un bébé en créant une nouvelle génération de Rice. Fynn, lui, ne comprend pas en quoi ce serait si étonnant à comprendre dans la mesure où une autre sorcière a été définie comme propriété Rice. « Ah oui ! » Que j’argumente à coup de hochement de tête. « Il y a elle aussi. »
Mon frère laisse aussi passer une indication de choix en parlant de passer d’une sorcière à trois. Je ne sais pas si Hayden capte quelque chose de cette phrase, si c’est le cas… Putain, mais il est énervant en vrai celui-là. Ce type est de marbre, toujours bien droit, plongé dans des réflexions sans laisser la moindre indication possible de ce qu’il se passe dans sa petite. Ça m’énerve autant que je jalouse cette capacité à rester stoïque, moi qui suis capable de sortir de mes gonds encore plus rapidement qu’un puceau atteignant son plaisir pour la première fois !
J’imagine que Fynn cherche aussi une réaction chez l’adulte, allant même jusqu’à le provoquer en estimant que les Rice n’ont pas l’air si inquiétants que ce que l’on veut bien dire. D’un autre côté, ils doivent forcément être un peu flippants quand même si, justement, une réputation leur colle à la peau. On est peut-être tombé sur le plus conciliant de la fratrie. Et vous savez le pire dans tout cela ? Aucune pu-tain de réaction chez Hayden. Navrant !
Je me sens obligée de me pencher un peu sur la table en direction de Fynn, de prendre le ton de la confidence en désignant le vampire d’un mouvement de pouce « Tu crois qu’il est encore éveillé ? Peut-être que c’est une forme de sommeil de ceux de son espèce. » Le genre : je reste debout, mais je pionce tellement vous m’avez saoulé avec vos histoires !
Je retire ce que je viens de dire quand Hayden bouge bien trop vite et qu’il se retrouve devant ce que je suppose être la sorcière. Soit, il ne dormait pas soit, il a une putain de capacité de réveil que je veux aussi… Enfin, je la veux pour Fynn qui, définitivement, n’arrive pas à émerger en si peu de temps, lui ! Honnêtement, tout se passe trop vite pour que je comprenne bien la situation. Ce qui est certain, c’est que, maintenant, je suis bien droite sur ma chaise à regarder une scène qui se produit en mode accéléré.
Deux corps s’écroulent et une tête roule comme une boule de pétanque jusqu’à mes pieds. La seule chose que retient mon esprit, c’est qu’Hayden n’a pas tué la sorcière alors qu’il n’a pas pris la peine d’hypnotiser le vigile pourtant humain. Je suppose que c’est plutôt bon signe pour nous, qu’on fait partie de la bonne espèce. Je me force à rester assise sur ma putain de chaise, à faire genre que je ne suis impressionnée par ce qui vient de se passer, bien que mon rythme cardiaque s’affole un peu quand Hayden se tourne dans notre direction.
Les armes sont trop loin et c’est la main de Fynn que je viens attraper au-dessus de la table, prête à user de magie si le vampire se montre plus menaçant. En tout cas, je compte bien essayer s’il y a besoin, en ignorant totalement les mesures prises contre cet établissement.
Hayden se contente pourtant de nous désigner un escalier pour nous informer qu’on discutera à l’abri des oreilles indiscrètes. Quelles putain d’oreilles ? Celles qui sont à mes pieds, séparées du reste d’un corps ? Il n’y a plus personne pour nous entendre ici, mais étrangement je n’ai pas trop envie de discuter ses ordres. Mon regard tombe sur la tête sans vie de celui qui était vigile et je m’étonne. Les traits ont gardé cette forme de peur sur son visage. Je hausse les épaules et jette un regard à Fynn « C’est drôle, je pensais que les traits d’un visage s’apaisaient une fois décapitée »… Je me trompais. Tant pis !
Je termine par me lever, attrape le verre de Fynn que je finis. Il avait qu’à le boire plus vite. Puis on se retrouve dans un bureau pendant que… non, mais il est sérieux ? Ce type a vraiment pris le temps de se changer. Pas discrète du tout, je fais un mouvement de moulinet près de ma tempe pour dire à Fynn que ce Rice est complètement étrange. Il parait que tous les psychopathes ont un toc ou un rituel, ce genre de connerie. Hayden explose les records en ayant besoin de changer sa chemise.
Assise sur un des fauteuils que, avant, j’ai pris soin de faire racler sur le sol pour être plus proche de celui où se trouve Fynn, je m’assois enfin en attrapant sa main. Et c’est parti : problème, information, blablabla… Petit laïus habituel de celui qui doute de ce que l’on peut dire. On y est habitué, bon j’avoue, c’est un peu plus impressionnant maintenant qu’il vient de tuer son personnel. Ça reste énervant quand même que l’on vienne tout le temps remettre notre parole en doute. Est-ce parce qu’on est trop jeunes pour être pris au sérieux ? Faut-il, nous aussi, qu’on arrache des têtes pour être écouté ? Je soupire mollement en m’écrasant dans le fond de ce fauteuil bien trop confortable pour être réel. Je veux le même, un jour !
« Mon frère te l’a dit, c’est une question d’esprits qui, pourtant, se sont donné bien du mal pour qu’on n’ait pas d’informations. » Et je commence à me demander si, par hasard, ce n’était pas pour nous protéger, alors que j’ai toujours pensé que c’était uniquement pour nous faire chier. Je tais mes interrogations, qui doivent pourtant se sentir dans la manière dont je serre la main de Fynn. Du moins, lui sera capable de comprendre mes pensées.
« Pour ce qui est de la sorcière, soit tu n’es pas au courant de ce qu’il se passe dans ta famille, soit… Bah je n’en sais rien. Mais, il y avait ce type, un autre Rice. Carrément mieux fringué que toi, d’ailleurs, plus décontracté. Peut-être trop en fait, vu qu’il jouait les taureaux à moitié à poil dans un bar… Enfin bref. » Je secoue la tête pour ne pas trop m’attarder sur cette vision apparue dans le bar que l’on a visité. « Il a désigné une fille, jeune, brune, de propriété Rice » À partir de là, on est bien obligé d’en déduire qu’elle fait partie de cette famille. C’est logique ! « Et, pour info, la sorcellerie, ça peut sauter des générations… Beaucoup de générations. » En tout cas, c’est ce qui est arrivé pour nous. Avec Fynn, de toute façon, on est un cas bien particulier puisque lui aussi est doté de pouvoir. « Ce serait un tort de nous considérer comme un cas commun ! »
Je crois qu’il m’a plus ou moins écouté quand j’ai précisé qu’il serait bête de nous menacer. Ou peut-être pas. En tout cas, il précise que ce qui vient de se passer en pas n’est pas une mise en garde et, limite, on devrait le remercier de sa courtoisie. Je crois bien que je lui aurais bien dit le fond de ma pensée si, d’un coup, il ne s’était pas mis à poser une question sans le moindre sens. « Hein ? » Je regarde Fynn, l’air de lui demander s’il comprend quelque chose à cette dernière interrogation. Apparemment, non. Alors, je reporte mon attention sur Hayden. « L’unité de quoi ? ‘Tain, je ne sais pas ce qui n’est pas clair dans le mot esprit. Ce sont les esprits… ES-PRITS… E…S…P…R…I…T…S qui nous ont permis de trouver le chemin jusqu’ici. » Peut-être que là, ça va lui rentrer dans le crâne.
Sujet: Famille nombreuse 
Sam 16 Nov - 23:01
