Il ne sera pas un danger s’il part maintenant. La phrase est surprenante sur bien des aspects. Déjà parce que cela confirme qu’il se passe quelque chose alors qu’il a dit ne pas être blessé, ce qui n’est pas logique. Encore moins quand il s’agit d’un vampire dont l’organisme est supposé le protéger de tout un tas de problèmes. Et puis, il y a tout ce qui n’est pas dit avec cette petite phrase. Partir pour ne pas être un danger quand, de toute évidence, tuer des gens ne lui en pose pas de problème. Ça devrait encore moins lui poser de souci alors que tuer Milla serait aussi atteindre Ethan, un dérapage incontrôlé qui finalement pourrait aussi l’arranger dans ce conflit fraternel. Mais non, il préfère partir. Il prend même le temps de s’excuser de l’effrayer et pour le verre dont elle se fiche complètement.
Milla ne sait pas si elle reste sans bouger par crainte ou par étonnement. Dans le fond, elle ne devait pas s’attendre à ce qu’il soit réellement honnête en répondant à sa question. Si elle n’a jamais eu de preuves qu’il soit un menteur, il aurait très bien pu répondre à côté de la plaque, jouer d’humour ou tout autre chose pour ne pas avoir à répondre. Elle le regarde se relever, se dit que c’est le moment de dire quelque chose, mais bloque en le voyant regarder tout autour de lui. Ce ne serait pas une bonne idée de dire quoique ce soit, encore moins de chercher à le retenir. Il l’a dit, elle pourrait avoir à craindre de lui s’il restait. Le laisser partir est la meilleure option qu’elle puisse choisir. C’est sur cette pensée qu’il quitte la pièce à une vitesse propre à son espèce.
Ses yeux se ferment quand la porte claque. C’est le meilleur choix. Elle se le répète encore et encore pour s’en convaincre. Sauf que moins d’une seconde plus tard, elle rouvre soudainement les yeux et se relève rapidement pour courir à la porte et sortir sur le palier de son étage. Pas de Bastian. Vue la vitesse à laquelle il est parti, il y a de fortes chances qu’il soit loin maintenant. De « fortes chances » ne sont pas une certitude alors, sans vraiment trop y réfléchir, c’est la porte de l’escalier qu’elle ouvre pour dévaler les marches. L’inquiétude qu’elle ressent n’est plus dirigée vers elle. Milla s’en veut de ne pas avoir réagi plus tôt, craint que ce ne soit trop tard pour le faire. Et puis il apparait, quelques marches plus bas et elle se fige dans un soupir de soulagement.
En fait, Milla ne sait pas. Ne sait plus. Elle est probablement en train de faire la pire erreur de sa vie. C’est stupide de courir après un vampire qui vient de dire qu’il pouvait être une menace, c’est même un peu suicidaire en y réfléchissant bien. Est-ce qu’elle peut se permettre de l’être alors que c’est une mère ? La réponse est non. Alors qu’est-ce qu’elle fout dans ces marches, stoppé à quelques mètres de lui ? Le truc c’est que Bastian, même s’il pensait avoir le dessus et ne pas prendre de risques, est toujours intervenu quand il l’a croisé en difficulté. Elle n’est pas d’accord avec les méthodes, mais elle ne peut pas ignorer ce fait non plus. Peu importe les raisons qui le poussent à agir de cette manière, il l’a fait. Milla ne peut pas le laisser sortir, pas quand il y a des patrouilles partout qui risquent d’être encore plus nerveuses après que des cadavres aient été retrouvé. Il dira que ce n’est pas un problème si elle lui explique cet argument, qu’il peut se débrouille contre quelques humains. Tout ce qu’elle sait, c’est que c’est un risque qu’elle n’est pas prête à courir. Pas dans l’état dans lequel il se trouve.
L’idée ce n’est pas de lui laisser l’occasion de partir encore plus précipitamment. S’il proteste ou lui demande de remonter à son appartement, Milla l’ignore royalement quand elle descend rapidement les dernières marches pour se retrouver au même niveau que lui. Elle n’hésite pas, ne perd pas une seconde qui pourrait être suffisante à Bastian pour partir. Ce sont ses mains qu’elle vient poser sur ses joues avant de l’embrasser. L’acte peut sembler irréfléchi, c’est peut-être un peu le cas bien qu’elle se dit que c’est un bon moyen pour qu’il oublie ce qui se passe autour de lui. En tout cas, en théorie c’est une idée qui se tient. En pratique, elle n’a aucune idée de si cela peut fonctionner ou non. Elle rallonge un peu ce baiser avant de laisser retomber ses mains sur le torse de Bastian avant de se reculer légèrement. Son regard elle le laisse dans celui de Bastian.
« Premier Rice que j’embrasse, est-ce que ça compte ? » S’il a vraiment besoin de se situer par rapport aux autres, est-ce que ça donne une idée assez claire de la position occupée ? S’il a besoin de savoir si elle ne lui parle que parce qu’elle a besoin d’aide, est-ce que ça permet de contredire cette théorie ? Il n’y a pas de promesses dans ce baiser, elle n’est même pas certaine qu’elle ne finira pas par le regretter dans un avenir plus ou moins proche. Milla se posera des questions plus tard, pour le moment ce qu’elle veut éviter c’est qu’il puisse se mettre en danger en foutant les pieds dehors. Et puis, au fond, peut-être que c’est elle qui se cache derrière cette excuse pour faire quelque chose qu’elle s’est interdit.
Il n'y a rien de pire à mes yeux qu'un esprit malade. Je m’étais accommodé de cette maladie lorsque j'étais humain. Je m'en suis ensuite accommodé dans ma vie de vampire, dans les moments où j'étais suffisamment blessé pour réveiller mes folies. Je ne suis pourtant pas prêt à m'en accommoder à longueur de journée aujourd’hui. J'ai besoin de m’éloigner de cet appartenant, de cet immeuble et peut-être même de la ville. J'ai besoin d’être loin d'elle pour être sûr de ne pas commettre un acte que je pourrais regretter. Les rues sont pleines de militaires ce soir mais je préfère les affronter eux, plutôt que l’affronter elle. Je ne regretterai pas leur mort, quand bien même on vienne me le reprocher. Sauf que ma maladie a réellement décidé de me mettre des bâtons dans les roues ce soir et je ne vais pas plus loin que la cage d’escaliers lorsque je quitte son appartement dans un coup de vent. Ce son continue de tambouriner dans mon esprit mais c’est un mal pour un bien, au-delà du mal de crâne que ça implique, on peut dire qu’au moins il est assez fort pour couvrir les voix.
C’est la présence de Milla que je finis par constater lorsqu'elle est déjà là. Mes sens ne m’ont même pas permis de la sentir arriver au préalable, autrement je ne serais déjà plus là à l’heure actuelle. « A quoi est-ce que vous jouez ? Rentrez chez vous Milla, je suis sérieux. » Si on peut me donner bien des défauts, le mensonge n'en fait pas partie. J'ai toujours tout assumé, mes bons comme mes mauvais côtés, mes prouesses comme mes erreurs. La seule chose que je n’assume pas, c’est cette maladie. Sauf que Milla ne semble pas prendre au sérieux mes mises en garde et s'en est agaçant, car je sais que je pourrais la tuer d'une seconde à l’autre et elle ne pourrait rien y faire. Personne ne sera là pour la protéger cette fois. « Ne me faites pas faire quelque chose que je regretterai… » Car même si Milla peut parfois en douter, je n'ai vraiment pas envie de lui faire du mal, plus maintenant. Le problème c’est que la belle blonde ne m’écoute pas et si je m’apprête à me montrer beaucoup plus virulent pour le lui faire comprendre, c’est elle qui me devance.
Est-ce que je m'attendais à recevoir un baiser de sa part ? Non, et certainement pas dans ces conditions. Si la surprise se fait ressentir les deux premières secondes, le fait que je réponde à ce baiser prouve clairement que ça ne me déplait pas. Le baiser est agréable, même si je suis presque déçu parce que j'avais imaginé tout un plan pour la faire craquer et avoir droit à une telle attention, mais je ne peux pas regretter que ce contact arrive plus tôt. La seule chose que je regrette, c’est qu'il se termine beaucoup trop vite à mon goût. Milla écarte ses lèvres des miennes et c’est lorsqu'elle me parle que je me rends compte de l’efficacité de sa méthode. Je n’entends plus les voix, pas plus que je n'entends le martèlement dans mon crâne. Comment est-elle parvenue à avoir un tel effet sur moi ? Mon regard ne la quitte pas alors qu'elle attend probablement une réponse à sa question, mais la seule chose que je trouve à faire, c’est de rompre à nouveau la distance entre nos lèvres pour goûter à un second baiser. Ma main se glisse lentement dans sa chevelure et mon corps se rapproche davantage du sien. Il y a une passion à la fois douce et sauvage qui se mêle à ce baiser et ça ne me ressemble pas, ça ne m’est même jamais arrivé auparavant.
Puis il y a cette petite voix qui tente vainement de s’immiscer. Et après ? C’est tout ce qu'elle dit, tout ce qu'elle pose comme question avant de disparaître elle aussi. Je n'ai pas envie de songer au après, là tout de suite c’est de ce nouveau baiser dont j'ai envie de profiter. Un baiser rempli de promesses, sauf que lui aussi finir par prendre fin à mon grand regret et les questions viennent alors se bousculer dans mon esprit. Voulait-elle réellement de ce baiser ? Ou n’était-ce qu’une méthode à tester pour calmer les voix ? Peut-être bien un mélange des deux. « Vous les avez fait taire. » Ma main caresse doucement sa joue avant de retomber le long de mon corps. « Vous êtes la première personne à réussir un tel exploit. » Le remerciement n’est pas prononcé mais est clairement visible dans mon regard. Et maintenant, que se passe-t-il à présent ? On remonte tranquillement chez elle et faisons comme s'il ne s’était rien passé ? Ce serait trop m'en demander. « Ce baiser, vous le vouliez vraiment ? » Le ton est sérieux, la question également. Peut-être que j'en regretterai la réponse mais j’ai besoin de savoir si ce baiser avait uniquement pour but de calmer mes folies ou si elle le désirait aussi. Ne me mentez pas Milla, je n’ai jamais apprécié les mensonges. Ne manipulez pas non plus la vérité comme vous savez si bien le faire...
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❝ Milla Verdi Castelli ❞
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Sujet: Re: couvre feu Lun 11 Nov - 18:02
Couvre-feu
Si elle préfère ignorer les protestations de Bastian qui lui demande de remonter à son appartement, c’est parce qu’elle cesse de réfléchir. Dans le cas contraire, il n’aurait même pas eu à préciser qu’il est sérieux, la position qu’elle a adoptée dans l’appartement prouve déjà qu’elle le croit à ce niveau-là. Elle sait ce qu’elle fait sans le savoir en même temps. Tout ce qu’elle comprend c’est qu’elle ne veut pas qu’il risque quoique ce soit en sortant dehors, qu’il lui faut une solution et qu’elle doit l’exécuter. Avant même qu’elle le touche son visage et ses lèvres, Milla pense être au clair dans son esprit : ce baiser n’est qu’une solution à une problématique qu’il faut résoudre maintenant. Elle n’en est plus aussi certaine quand ce rapprochement se prolonge un peu, qu’elle le prolonge alors qu’il lui répond. Si ce n’est qu’une solution, il n’y a pas besoin de faire durer cet échange et elle aurait déjà dû se détacher bien avant.
Milla essaie toujours de ne pas trop se poser de question et se contente de rester là, à attendre que ce soit lui qui fournisse une réponse. Les secondes sont des heures dans cette attente où, honnêtement, elle ne sait pas à quoi elle doit s’attendre. Ce qui la surprend, dans un premier temps, c’est de le voir approcher de nouveau sans qu’elle ait le moindre geste de recul. Depuis quand elle est confiante à ce point alors que la situation ne s’y prête pas ? Et c’est son cerveau qui se fige quand c’est lui qui vient l’embrasser à nouveau, quand elle sent cette main venir se cacher dans ses cheveux. Une seconde, puis une deuxième à se demander ce qui est en train de se passer, à s’étonner de la douceur mêlée à une sorte de passion dans ce geste. La troisième seconde signe son abandon. Tant pis pour les questions, tant pis pour le côté raisonnable. Elle y répond à ce baiser, pas parce que ça répond à une nécessité mais parce qu’elle en a envie.
C’est l’esprit un peu embrumé qui voit ce second baiser prendre fin et Bastian qui prend déjà la parole. Elle les a fait taire. C’est un exploit. Milla peine un peu à comprendre la portée de ces mots, elle hoche la tête avant de chercher à faire le point. Elle a vraiment réussi à les faire taire ? La réaction d’étonnement arrive un peu à retardement, il faut lui pardonner. Puis c’est une question qui arrive : est-ce qu’elle le voulait vraiment ? Il y a cinquante façons différentes de lui répondre, même en enlevant le mensonge de l’équation. Cinquante manières de tourner ses phrases pour laisser entendre ce qu’elle veut sans même avoir à répondre. Mais le ton est bien trop sérieux pour se risquer sur ce chemin-là. Bastian veut une réponse. Il veut une vraie réponse.
« C’était la première idée qui m’est passé par la tête pour que vous soyez concentré sur autre chose. » Les mots sortent à voix basse, le regard légèrement baissé sous une certaine gêne face à cette réponse qui ne doit pas être celle qui veut entendre. Non, en fait, à bien y réfléchir ce n’est pas pour cette raison qu’elle se sent gênée. Milla relève les yeux sur Bastian. « En tout cas, c’est ce que je pensais avant de vous embrasser. Je crois que c’est devenu un peu plus compliqué après. » Si c’est cette idée qui lui en venue en premier à l’esprit ce n’est pas sans raison. Elle n’embrasse pas tous ses patients pour qu’ils pensent à autre chose, ça ne lui est même jamais venu à l’esprit. « Si je dois être honnête, je dirais que cette idée m’est venue comme une bonne excuse pour faire quelque chose que je ne voulais pas m’autoriser. »
Parce que c’est stupide d’être attiré par un vampire, encore plus quand il est question d’un Rice. Il faut croire que Milla a une fâcheuse tendance à faire les mauvais choix et de ne pas les contrôler par la suite laissant sa vie dans un chantier monstre. Penser qu’elle n’avait un intérêt pour Bastian que parce que ça lui permettait d’emmerder Ethan, c’était bien plus facile. Mais comment continuer à le croire quand le vampire vient de dire qu’elle a réellement réussi à faire taire des voix et que ce n’est apparemment pas très courant ? D’ailleurs elle ne comprend même pas comment elle a réussi à faire ça. Au mieux, elle espérait seulement mettre ces voix sur une fréquence un peu plus basse pour permettre à Bastian de réussir à réfléchir un peu mieux, qu’il puisse avoir plus de facilité à les ignorer un peu.
« Bref, pour faire court. Non, à la base, je ne pensais pas que ce baiser serait voulu. » Enfin il l’était forcément mais, elle pensait vraiment qu’elle le faisait pour une raison particulière. Elle n’avait juste pas pris conscience que cette raison était fausse et qu’elle le faisait par envie. Et tout ça n’arrange absolument pas le bordel qui se passe dans sa tête. « Les voix se sont vraiment arrêtées ? » L’étonnement n’est pas feint, il est même impossible à cacher tant ça lui parait improbable.
C’est une véritable explosion dans mon cerveau, à moins que les montagnes russes ne soient plus représentatives de ce qu’il se passe là-dedans. Je réalise que la peur de faire du mal à Milla est bien présente au moment où elle se rapproche alors que je ne suis pas certain de me contrôler, sauf que l’inquiétude est remplacée par un certain apaisement au moment où nos lèvres échangent ce premier baiser, puis par un véritable désir lorsque le deuxième baiser arrive. Je ne devrais pas ressentir toutes ces choses. Je n’ai jamais ressenti tout ça, tout comme personne n’est jamais parvenu à faire taire les voix en un simple geste. Qui es-tu véritablement, Milla Verdi ? Par moment je me demande si tu es bien humaine, car à n’en pas douter tu exerces une certaine magie sur moi et je ne sais pas si je dois en être attiré ou effrayé. Pour l’instant je préfère me dire que je garde le plein contrôle de la situation, ou presque.
Nos lèvres se quittent à nouveau et si je ne devrais probablement pas lui demander si elle désirait réellement ce baiser, la question finit tout de même par quitter mes lèvres. La réponse de Milla ne tarde pas à arriver, limpide, honnête… Un brin décevante je le reconnais. Etait-ce donc seulement cela ? Une idée parmi d’autres pour me changer les idées et me calmer ? Au moins on pourra reconnaître que la méthode a été efficace. Mon regard se détourne du sien, du moins jusqu’à ce qu’elle reprenne la parole pour expliquer qu’une fois le baiser arrivé, c’est devenu plus compliqué dans sa tête. Mes yeux se relèvent pour croiser les siens et on peut y déceler une lueur qui me trahit : une lueur d’espoir. Puis c’est finalement un sourire qui finit par s’esquisser sur mes lèvres lorsqu’elle avoue que cette idée était surtout une bonne excuse pour s’autoriser cet acte interdit. « Avouez-le… » Je marque une courte pause, persuadé qu’elle risque de penser que la suite de cette phrase servira à me vanter. Ce n’est pourtant pas le cas, pas cette fois du moins. « On se sent bien plus vivant lorsqu’on brave des interdits. » Voilà pourquoi j’ai opté pour ce mode de vie, voilà pourquoi j’aime braver des obstacles, ne pas respecter les règles, défier les interdits.
Pour la première fois depuis mon dernier affrontement avec John, j’ai l’impression de pouvoir repenser par moi-même, la sensation que la brume dans mon esprit s’efface. Est-ce que les voix se sont vraiment arrêtées ? Milla semble sérieusement se poser la question. « Oui, vraiment. Vous ne l’avez peut-être pas encore remarqué mais je ne suis pas du genre à mentir. » On peut me reprocher d’être bon manipulateur mais on ne me reprochera pas d’être un menteur, j’ai toujours eu assez horreur de ça, peut-être parce que toute ma vie d’humain on m’a forcé à mentir sur les véritables origines de ma conception. Que va-t-il se passer maintenant que nous en sommes là ? Retourner dans l’appartement de Milla me paraît tout de même risqué, je crois que je préfère affronter les dangers qui m’attendent dehors. « Mais j’ignore combien de temps est-ce que ça va durer, les choses sont devenues... différentes depuis un certain temps. » Je n’ai plus besoin d’être blessé pour les entendre, elles sont là, constamment autour de moi, exactement comme lorsque j’étais humain. « Et je n’ai pas envie de perdre à nouveau le contrôle devant vous. » Tuer devant elle ne me pose pas réellement de problème, en revanche c’est le fait de pouvoir m’en prendre à elle qui devient problématique.
« Mais si ça peut vous rassurer je suis sur une piste pour les faire taire définitivement. » Y-a-t-il vraiment une méthode pour les neutraliser ? Le problème avec un esprit comme le mien, c’est qu’on ne fait pas toujours la différence entre les hallucinations et la réalité. Mon esprit est comme un renard, joueur et trompeur, il aime me jouer des tours, me faire croire à de fausses pistes, me persuader qu’elles existent. Le plus gros problème, c’est que ce renard mélangé au poison conduira forcément à ma mort et au vue de l’avancée des choses ce ne sera probablement pas très beau à voir. « En attendant il vaudrait sûrement mieux que je me tienne éloigné de vous. » Même si l’envie n’y est pas, il faut savoir être raisonnable dans la vie.
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Sujet: Re: couvre feu Ven 15 Nov - 2:49
Couvre-feu
Les réactions de Bastian sont encore plus perturbantes que le capharnaüm qui se joue dans la tête de Milla. Sa façon de détourner le regard quand elle commence à s’expliquer, cette lueur dans ses yeux quand elle décide de poursuivre. Il ne devrait pas avoir ce genre de réactions. C’est Bastian ! Celui qui doit jouer avec tout ce qui est de sexe féminin, qui garde cet air si sûr en quasi-permanence. Celui qui veut surtout être un problème pour Ethan. À aucun moment il ne devrait avoir ce genre de regard. Ça ne colle pas et ça rend la situation encore plus bordélique. Milla aurait sûrement préféré ne pas voir les expressions de Bastian, qu’il ne les ait pas eues du tout. Ça aurait confirmer qu’elle n’a aucune sorte d’intérêt. Ça aurait été bien plus simple.
Avouez-le… C’est presque un soupir de soulagement qu’elle laisse échapper. Bastian qui redevient Bastian. Ce moment où il va encore sortir une phrase sur un de ses incroyables dons. Cet instant où il va probablement lui dire qu’elle n’a jamais connu quelqu’un qui embrasse comme lui. Ça apporte un semblant de normalité, en tout cas l’espace de quelques secondes. Bastian termine sa phrase par tout autre chose. Est-ce qu’elle se sent plus vivante ? « Ce n’est clairement pas le terme que j’aurais employé. » Elle sent surtout que c’est bordélique. Son cerveau il est bien vivant, elle ne peut pas le nier vu le flot d’interrogations et de scénarios qui sont en train de passer là-dedans. Elle pourrait dire que le problème majeur de Bastian demeure dans le fait que c’est un vampire. En vrai, si ce n’était que cela, elle ne se poserait pas autant de questions. Non, honnêtement, le problème majeur c’est qu’il est un Rice et qu’il a une relation compliquée à avec ses frères. Et ça énerve profondément Milla de réagir de cette manière, de se mettre des barrières toute seule en essayant de prendre des décisions en conséquence d’Ethan.
Elle est encore plus stupide d’interroger Bastian sur les voix qu’il n’entend plus. Milla hoche la tête quand il dit ne pas être le genre à mentir. Bah, il aurait pu faire un effort pour cette fois-ci ! Elle ne devrait pas être capable de faire cela, impossible d’avoir autant d’impact sur lui. L’avantage c’est qu’il coupe court à toutes réflexions supplémentaires quand il explique ne pas savoir combien de temps cela va durer et que, pour éviter une nouvelle perte de contrôle, le mieux serait encore qu’il parte. « Parce qu’une perte de contrôle dehors est peut-être mieux ?! » le ton est septique, un peu plus inquiet qu’elle ne le voudrait. Le pire, là-dedans, c’est qu’elle ne s’en fait même pas pour le sort des militaires qui croiseraient la route de Bastian. « Si ça vous embrouille de trop et que ça leur permet d’avoir le dessus ? » Elle est là sa vraie inquiétude : que ce soit lui qui ne s’en sorte pas à cause d’un afflux de voix qu’il ne contrôle pas.
Milla vient s’appuyer sur le mur derrière elle. « Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Ces voix, elles se faisaient entendre que quand vous étiez blessé. » Et il a dit que ce n’était pas le cas, en plus d’avoir expliqué que ce n’était pas un menteur. « C’est votre nature de vampire qui vous protégeait de cela, ce qui n’était pas très efficace quand votre organisme luttait contre autre chose. » Alors pourquoi est-ce que cet organisme ne le protège plus maintenant ? Qu’est-ce qui a changé ? « C’est quoi votre piste ? » Pas qu’elle soit septique ou qu’elle ne pense pas qu’il puisse trouver une solution. En réalité, elle est assez curieuse de savoir comment il compte faire taire ces voix, surtout de façon définitive.
« Et si vous vous posez la question : je ne suis qu’à moitié en train de gagner du temps en vous posant des questions. » les réponses l’intéressent, forcément. Cela dit, elle ne va pas nier qu’elle n’a pas envie de le voir retourner dehors. Ce qui est très contradictoire parce que, en même temps, elle n’a pas non plus envie de le voir perdre à nouveau le contrôle. Milla sait déjà que, en cas d’affrontement, elle ne fait pas le poids contre lui. « Je ne suis pas fan de l’idée de vous savoir dehors et en même temps, comme je viens de perdre l’effet de surprise, je ne suis pas certaine que ma méthode fonctionne deux fois de suite. » Elle laisse passer un léger sourire amusé à la fin de cette phrase qui sous-entendrait presque que ce baiser n’était qu’une méthode de diversion. Ce qui n’a plus rien de crédible maintenant qu’elle a expliqué l’inverse.
Pas le bon terme ? Je trouve pourtant qu’il est adapté. La première fois que j’ai commencé à me sentir vivant, c’est quand j’ai su dire non à mon père. Je n’étais qu’un gamin, je ne faisais alors pas le poids contre lui et il a fait en sorte de me faire regretter mon ton de provocation, pourtant à cet instant j’étais fier de moi, j’avais su m’imposer pour la première fois. Petit à petit j’ai continué sur cette voie, continué de braver des interdits pour me sentir plus vivant et c’est ainsi que je m’en suis sorti, c’est ainsi que j’ai trouvé ce qui me plaisait. Evidemment je n’irais pas crier sur les toits que c’est une bonne chose de se réfugier dans l’illégalité, les combats, les dangers et les meurtres, mais pour ma part c’est ce qui m’a rendu vivant et pour rien au monde je ne changerais de vie. Sauf que le danger n’est pas toujours une bonne chose, là en l’occurrence je n’ai pas envie de faire du mal à Milla en prenant le risque de rester près d’elle et de déraper à nouveau.
Est-ce qu’une perte de contrôle dehors est mieux ? Oui, à mes yeux ça l’est, quand bien même Milla puisse évoquer le risque que les militaires prennent le dessus. Ce n’est peut-être pas très mature de ma part mais je me retrouve simplement à hausser les épaules avant de lui répondre. « On doit tous mourir un jour et j’ai eu l’occasion de mener une vie bien plus longue que la vôtre. » Alors oui peut-être que cent dix-sept ans c’est assez court pour une vie de vampire, mais c’est toujours bien plus long qu’une trentaine d’années de vie humaine. Ce n’est pas moi la priorité ce soir, c’est elle. « Et puis je suis sûr que même avec l’esprit embrouillé je peux m’en sortir. » Ce qui pourrait signifier une perte importante du côté des militaires, mais étrangement j’ai l’impression que cette idée la dérange moins que ma propre perte et j’ai bien envie de sourire à cette idée, mais je garde mes expressions pour moi.
Puis Milla commence à s’interroger sur mon état de santé, sur ce qui a bien pu changer pour passer du stade de voix qui m’envahissent uniquement lorsque je suis blessé, à des voix qui sont désormais constamment présentes. Je ne dis rien, Milla évoque des faits que je connais déjà et je n’ai pas plus d’informations qu’elle à l’heure actuelle, je sais seulement que mon état a changé après mon dernier combat contre John. C’est lorsqu’elle me demande qu’elle est ma piste que des murmures se font à nouveau entendre dans mon esprit. L’un d’entre eux parvient à se distinguer des autres. Ne lui dis pas. Les voix pressentent un danger et se réveillent, elles ne veulent pas que je parle, elles sont prêtes à la menacer à nouveau pour être sûr que je garde le silence. Le problème c’est que de son côté Milla semble vouloir gagner du temps, mais ce n’est pas une bonne chose, pas pour elle.
Voilà comment je me retrouve à lui tourner le dos tandis que les murmures persistent. « Nohlan Fisher. C’est ma piste. » Les murmures deviennent plus forts après avoir prononcé ce nom, les voix ne sont pas d’accord avec l’information que j’ai laissé filer, peut-être parce que si on se renseigne bien, on découvrira que ce Nohlan Fisher a bien existé, qu’il était même un psychiatre renommé de son époque, mais qu’il est mort dans le début des années 1930. Cet homme suivait mon cas lorsque j’étais encore humain et il était celui en qui j’ai voué un certain espoir. Il n’a jamais été capable de me sauver de moi-même. Un menteur de plus parmi d’autres, sauf que les voix ont effacées son existence de mon esprit pour se jouer de moi. « Je dois vraiment vous laisser à présent. » Et sans lui laisser une occasion de plus de me retenir, je disparais de l’immeuble en un coup de vent, évitant soigneusement de croiser la route des militaires. Mieux vaut m’éloigner le plus possible tant que j’ai encore l’esprit un minimum clair. J’ignore quand nous nous reverrons Milla, mais ce ne sera pas tant que mon état ne se sera pas amélioré, je ne prendrais plus un tel risque.
Sujet: Re: couvre feu 
Ven 8 Nov - 20:35
