Retour imprévu attendu

Retour imprévu attendu

Jamais… C’est ce qu’elle veut lui répondre, lui hurler ou lui incruster dans le crâne s’il le faut. Sauf qu’elle ne dit rien parce que ces trois petits mots, ce « ne pars pas », ils sont tellement étonnants et improbables qu’elle est certaine de les imaginer. Ces mots Hannah les a trop imaginé. Elle les a entendus tellement de fois de son esprit avant d’ouvrir les yeux sur une pièce vide, perdue au bout du monde. Ces mots… Ils sont douloureux parce qu’ils apportent un espoir qui finit toujours par se volatiliser. Ce qu’elle ressent quand il récupère le sang sur son doigt, cette explosion de sensations qui éclate dans son cerveau quand elle est contre lui, tout ça elle ne veut pas le perdre. Mais elle a peur la sorcière. Peur de se réveiller dans sa chambre plongé dans une journée éternelle en Norvège, peur de comprendre que tout cela n’était qu’un rêve encore plus réaliste que les autres. Dur de croire à une réalité quand Ethan ne fait pas son Ethan et, en même temps, elle n’aurait pas pu rêver que les choses se passent de cette manière parce que c’est bien trop étonnant.

Ne pars plus Hannah. Son regard s’ancre dans celui d’Ethan comme pour y trouver la confirmation qu’elle a bien entendue. Elle ne peut pas imaginer et mal comprendre ces quelques mots deux fois de suite. « Jamais. » Et elle se rend contre de la chose la plus insensée de son existence : si elle doit mourir un jour – ce qui arrivera fatalement – il faut que ce soit des mains, ou des crocs d’Ethan. Il faut que ce soit lui, peu importe la raison et où ils en sauront à ce moment-là. Ça doit être lui parce qu’il n’y a toujours eu que lui, même quand elle ne le connaissait pas encore et qu’elle a été bercée avec les histoires de ce vampire chasseur de Johnson. C’est lui, sa quête et sa traque qui ont fait ce qu’elle est, c’est à cause de lui qu’on a voulu faire d’elle une sorcière douée à défaut d’être une personne bonne et équilibrée. Tout ce qu’elle est doit forcément se finir avec lui un jour. Elle veut qu’il soit cette dernière image que ses rétines imprimeront.

Mais l’heure de sa mort n’est pas encore d’actualité, là c’est le moment où son dos heurt un meuble dans une inspiration douloureuse qui s’efface bien vite pour laisser place à d’autres sensations. Hannah est incapable de dire si c’est son cerveau, son cœur ou son corps qui explose sous l’étreinte d’Ethan, peut-être tout en même temps. Il n’y a nulle part ailleurs où elle se sent plus vivante que contre le corps du vampire, aucun endroit où elle désire se trouver plus qu’ici. Ses doigts s’accrochent à la nuque d’Ethan et à son épaule alors que ses lèvres répondent forcément à celles du vampires. Il lui avait manqué, bien plus qu’elle ne l’imaginait. Il n’y a aucun de ses rêves et délires qui pouvaient retranscrire ce qu’elle ressent quand elle est vraiment contre lui. Des bars, Hannah en avait testé en Norvège avant de fuir en courant parce qu’ils n’appartenaient pas à Ethan. Personne ne pouvait lui ressembler ou même tenter de l’imiter un peu.

La tête de la sorcière se pousse sur le côté pour laisser un accès plus facile à ces crocs qui descendent le long de ses veines. Ses doigts se pressent un peu plus contre Ethan comme un accord muet, une envie de lui faire comprendre qu’elle ne veut pas qu’il ne fasse que l’effleurer. C’est lui qu’elle veut, dans son entièreté, dans tout ce qu’il est. Les morsures vont avec, ce n’est même pas considéré comme un passage obligatoire : elle en a envie et besoin. Sauf qu’Ethan est encore plus étrange que ce qu’elle l’avait pensé. Il grogne, la relâche et parle de sa plaie à soigner. « Quoi ? » Le cerveau de la sorcière à du mal à se reconnecter avec cette réalité qu’elle trouve un peu trop violente. Elle a du mal à comprendre, à faire le point sur cette demande sans aucun sens. Depuis quand le sang d’Hannah est devenu un problème qu’il faut cacher et panser ?

Reste là, … « NON ! » Qu’elle proteste sans même y réfléchir alors que, inconsciemment, son doigt vient parcourir son propre cou à la recherche d’une anomalie. C’est son doigt ensanglanté qui vient dessiner le tracé de la veine de son cou d’un rouge carmin mais non, elle ne trouve rien qui cloche au touché. Est-ce qu’elle a changé à ce point ? Est-ce que son sang n’est plus acceptable pour Ethan pour qu’il préfère chercher de quoi cacher cette odeur et cette vue ? Peut-être que ça vient de son sevrage, qu’elle a perdu bien trop de sang et que celui qui s’est régénéré est devenu différent de celui qu’elle avait. Putain, elle n’en sait rien, elle n’a jamais été douée en science ou en quoi que ce soit d’ailleurs hormis la magie.

C’est son monde qu’elle a l’impression de sentir s’effondrer sous ses pieds, son estomac qui se noue et ses yeux qu’elle essaye d’empêcher de s’humidifier. Elle sait que si son sang pose problème, s’il dégoute assez Ethan alors… Alors jamais rien ne sera possible parce que ça finira par manque au vampire, qu’il ira forcément chercher d’autres bras dans lesquelles se perdre tout en pouvant mordre cette personne autre qu’Hannah. Son regard tombe sur sa main dont le sang s’écoule encore lentement. Ce sang qui ne lui semble pourtant pas si différent mais, en même temps, pour elle, ils se ressemblent tous. « J’comprends pas. » Les épaules s’affaissent quand le ton laisse passer une déception vis-à-vis de ce liquide qui court dans ses veines. C’est là qu’elle aurait fui en temps normal, pour ne pas affronter les mots d’Ethan qui lui expliquerait à quel point son sang est devenu détestable. Elle ne peut pas simplement fuir quand elle vient juste de dire qu’elle ne partirait pas sauf que, maintenant, elle ne sait pas quoi faire. Il n’y a que de l’incompréhension et de l’incertitude qu’elle veut exprimer.

« Si mon sang a changé alors il peut changer à nouveau, hein ? » Peut-être que ce n’est pas irréversible et il y ce semblant d’espoir qui transperce sa voix alors qu’elle relève le regard sur Ethan. « J’dois faire quoi pour qu’il soit différent ? » C’est un peu une nouveauté chez Hannah de demander ce qu’elle peut faire là où, en général, elle ne pose pas de questions et va faire des trucs stupides pour essayer d’arranger les choses. « Parce que sinon tu me demanderas forcément de partir. Peut-être pas maintenant mais ça va arriver si mon sang te dégoute à ce point. Et c’est pas juste. » Parce que ce n’est pas sa faute, pas volontairement en tout cas, si son sang a changé.

Dans le fond, Hannah croit que c’était essentiellement son sang qui faisait qu’Ethan était toujours plus ou moins dans les parages. Que c’était son sang qui était à l’origine de tous leurs rapprochements parfois chaotiques. Pourquoi d’autres ? Difficile de croire que c’est pour elle quand tout le monde la désigne comme une chieuse de première qui ne comprend rien et fait toujours tout de travers. Si elle n’a même plus son sang comme accroche et avantage, il n’aura plus aucune raison de rester.

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« Quoi… Mais… ? » Elle est perdue. Comment son sang pourrait être une pure tentation quand il le fuit ? Ce n’est pas logique. On dit souvent que c’est elle qui n’est pas très logique mais, en vrai, c’est lui qui est contradictoire. Il l’a toujours été en même temps. Ses sourcils se froncent dans une incompréhension encore plus grande quand il explique que c’est parce que la tentation est grande qu’il ne veut pas y céder. C’est à ne rien y comprendre tellement cette phrase n’a aucun sens. Elle ne bouge pas quand il approche, toujours en train de chercher à comprendre ce qu’il essaie de lui dire. Faut dire qu’il est de plus en plus étrange le vampire à dire des choses qui lui échappent très peu en temps normal. D’habitude il saute sur toutes les occasions pour confirmer les doutes de la sorcière, il profite toujours des incompréhensions d’Hannah pour la pousser à s’éloigner en lui donnant raison. Là, c’est différent, c’est même carrément l’inverse. Il lui donne tort, il lui explique que son sang n’a jamais été la raison principale de leur étrange relation et… Putain, c’est perturbant en fait.

Les yeux d’Hannah se ferment un court instant dans une longue inspiration quand Ethan vient faire glisser ses doigts sur sa gorge. C’est dingue comment ce geste peut être apprécié quand, à l’inverse, les paroles qu’il prononce donne envie de tuer toutes les femmes de Londres. Hannah serait peut-être mal venue de lui reprocher des corps vidés de leur sang quand, de son côté, elle a cherché à retrouver Ethan au fin fond de la Norvège. De toute façon, c’est un vampire et il doit bien se nourrir pour continuer de vivre. Au moins, il a tué ces femmes, c’est déjà une bonne nouvelle. Les yeux de la sorcière s’ouvrent à nouveau quand il finit par dire qu’il ne cherchait pas son sang, qu’il la cherchait elle. Elle ne sait pas quel sentiment l’emporte dans son cerveau : la joie d’entendre ce genre de mot ou l’étonnement que ça sorte réellement de la bouche d’Ethan. Et puis il y a cette dernière révélation dite alors qu’une mèche de ses cheveux est mise derrière son oreille. Je ne veux pas que ce sang ruine mes chances de te garder.

« Ok… » Donc, ce qu’il est en train de lui dire c’est quoi au juste ? Qu’il ne veut pas la mordre de peur de ne pas réussir à se stopper à temps ? « Viens avec moi. » Ce n’est pas une question et, pour le prouver, c’est la main du vampire qu’elle attrape avant de l’entrainer en dehors du manoir et de s’avancer un peu dans le jardin avant de revenir lui faire face. « Tu es sérieusement en train de douter du fait de me garder en vie si tu me mords ? » Elle en est bien désolée mais c’est un rire qui s’échappe de sa gorge tant ça lui semble improbable. Cependant elle reprend assez vite son sérieux. « Ethan, même quand tu le voulais, tu as toujours été incapable de me tuer ! » Alors s’il se met enfin d’accord sur le fait qu’il n’a pas envie de le faire, autant dire qu’elle a toutes les chances de survivre à une morsure.

« Tu sais ce qui est dingue, c’est que je croyais qu’Abigaël était folle parce que bon vouloir m’faire venir c’était un peu étrange comme décision. Et puis, vous êtes tous barges dans c’tte famille. » Un trait de caractère qui, s’il est génétique, doit leur venir de leur mère dans la mesure où même le demi-Rice est complétement péter du ciboulot. On pourrait se dire qu’Hayden est sain d’esprit à être toujours droit, parfait en toutes circonstances et sans dévier de ses lignes de conduites. En réalité, il l’est tellement à l’extrême que ça en devient flippant et prouve une démence aussi. « Ou qu’elle exagérait un peu la situation mais, en fait, c’est pire que c’que j’pensais. » Elle devrait en être contente et une petite partie d’elle l’est sûrement. Après tout, si c’est parce qu’elle est partie – même de manière forcée – qu’Ethan se retrouve dans cet état, bah, c’est forcément flatteur. Mais en réalité, ce n’est pas si plaisant que cela parce que ce n’est pas lui. Tout ce qu’il peut dire et qu’il n’aurait jamais dit en temps normal, elle est loin de le regretter mais elle ne peut pas non plus le laisser dans cet état.

« Ethan tu ne peux pas être… Bordel, regarde l’état de ta baraque, regarde-toi. Tu es Ethan Rice ! » Et c’est son index qu’elle vient abattre sur le torse du vampire. « Tu ne peux pas douter, ni te terrer ici en buvant tes bouteilles et en détruisant le mobilier. » Ce nom qu’il porte qui, associé à son prénom, servait à faire flipper tout le monde. Qu’est-ce qu’on dit de lui maintenant ? Combien de personnes voudront en profiter pour se venger en se disant que c’est le bon moment et qu’il aura moins de répondant ? Elle veut bien accepter qu’il redevienne celui qui ne dit pas les choses plutôt que de risquer de le voir mort parce qu’il impressionnera de moins en moins tous les ennemis qu’il s’est fait durant des années.

« Alors je te laisse les choix Ethan. » c’est une inspiration qu’elle prend en venant planter son regard dans celui du vampire. « Soit, tu arrêtes de douter. » Ou d’avoir peur de ne pas réussir à s’arrêter en prenant son sang. « Soit, je te donne la sécurité qu’il ne se passera rien en t’obligeant à t’arrêter à temps. » Et c’est pour cette raison qu’ils ont quitté le manoir, si elle doit lui jeter un sort pour lui ordonner de ne pas la tuer ce n’est pas entre les murs protégés de la baraque qu’elle pourra le faire. Enfin, dans l’hypothèse où la magie est toujours impossible chez Ethan. « Mais franchement, je ne crois pas que tu aies besoin d’une assurance magique pour ça. Aussi improbable que ça puisse l’être, ou insensé… J’ai confiance Ethan. »

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Il a raison : les Rice ne font pas les choses à moitié, même quand c’est pour s’enfoncer le plus bas possible. Ce qu’elle ne peut pas laisser arriver. A leur début, elle aurait sûrement ris de cette situation et se serait moquée de son état. Là, ça ne l’amuse pas. Hannah ne veut pas retrouver le Rice d’avant ou celui qui dit les choses plus sincèrement. Elle n’attend pas plus de renaissance. Tout ça, elle s’en fiche sur l’instant. Ce qu’elle voit c’est qu’il se met en danger, qu’il se rend faible alors qu’il y a une longue liste d’ennemis qui n’attend que cela. Pour le coup ce n’est pas vraiment à elle ou à eux qu’elle pense. Tant pis si ça ne doit pas être positif pour eux après, tant pis s’ils repartent sur leurs travers ou qu’ils ne repartent pas du tout. Il doit réagir d’une façon ou d’une autre, se retrouver et ne pas laisser l’occasion à d’autres de l’atteindre. Il est Ethan Rice !    

Hannah ne sait pas trop ce qu’elle fait – pour ne pas changer ! Elle sait seulement qu’elle n’a pas peur et qu’elle a confiance. S’il veut une sécurité pour être certain de ne pas la tuer, elle lui donnera. Il y aura forcément un côté décevant parce qu’il ne devrait pas accepter de se faire contrôler mais, elle lui donnera quand même cette assurance. L’entente d’un grognement contestataire est plutôt encourageant, non ? Et c’est con, mais il faut qu’il parle de nouveaux deals pour qu’Hannah laisse passer un sourire. « Faut bien que quelqu’un le fasse. » Puisque lui ne le fait pas. En réalité ce n’est pas une obligation enfin elle ne croit pas que ce soit le cas. Est-ce que ce sont ces deals qui les définissent ? Elle chasse cette idée de sa tête, réfléchir ça n’a jamais été son fort et les résultat de ses réflexions ne sont jamais bons. Un silence se fait entendre qui semble durer une éternité. Plus il dure et plus elle devient incertaine. Est-ce qu’elle a bien fait ? Est-ce qu’elle aurait dû se taire ? Le laisser croire qu’elle n’était qu’une illusion avant de partir ?

Hannah ne sait toujours pas quoi penser quand il lui interdit d’user de magie sur elle. Silencieuse, elle se contente de hocher la tête en guise de réponse. Ok, pas de magie. Et du coup, c’est quoi la suite ? La phrase d’Ethan a à peine le temps d’atteindre le cerveau de la sorcière qu’il est déjà à son cou pour y planter ses crocs. La confiance n’enlève pas la surprise, surtout quand la morsure se fait en douceur. C’est une profonde inspiration qu’elle prend, sentant son corps se presser contre celui du vampire. Finalement ce n’est pas plus mal qu’il n’y ait pas besoin de magie pour arrêter Ethan, elle n’est pas certaine qu’elle aurait eu la volonté de mettre un terme à cette morsure. Ça s’arrête bien trop tôt à son goût, surtout quand cette sensation lui avait manqué et qu’elle l’a rêvé de nombreuses fois.  

La sorcière a un peu du mal à refaire surface quand cette morsure prend fin, c’est un regard un peu flou qu’elle lève sur le vampire. Rien à voir avec le manque de sang, tout à voir avec les diverses sensations et envies qu’il peut réveiller chez elle. Elle laisse échapper un léger rire. « J’ai déjà gagné. » Une réponse de principe qui manque cruellement de conviction et de sérieux. Par contre, si elle avait du mal à refaire surface, son dos heurtant le mur du manoir à une tendance à lui remettre les idées en place assez rapidement. Ça fait un peu mal quand même alors pourquoi est-ce qu’elle se retrouve à sourire ? On dira que c’est parce que la douleur est bien vite estompée par les lèvres d’Ethan et sa main remontant le long de sa jambe. Hannah essaie de prendre sur elle mais c’est tout son corps qui s’embrasse d’un coup. Elle vient passer ses bras autour du cou d’Ethan pour avoir un appui et s’en servir afin de venir enrouler ses jambes autour des hanches du vampire.

Elle laisse un bras longeant les épaules d’Ethan alors que sa main de libre vient s’enfoncer dans ses cheveux sans lâcher ses lèvres. Si elle se presse contre lui c’es parce qu’elle ne veut pas, à cet instant, qu’il puisse y avoir la moindre molécule d’air capable de s’infiltrer entre eux deux. Il y a déjà bien trop de vêtements, pas la peine d’en rajouter. D’ailleurs, il serait bien de palier à ce petit problème. Hannah continue de l’embrasser pendant que la main qui entourait ses épaules vient se glisser dans le haut de sa chemise et faire sauter les boutons. Toujours les jambes accrochées aux hanches d’Ethan, elle écarte un peu son buste et abandonne les lèvres du vampire. C’est sa chemise qu’elle fait tomber dans un haussement d’épaules faussement innocent. « Elle était naze c’tte chemise de toute façon. »

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Elle n’a pas le temps de dire, ou même penser, que les autres vêtements d’Ethan sont horribles aussi, bien trop superflus pour les idées qui se dessinent dans un coin de sa tête. Une légère désorientation se faire sentir quand le décor bouge trop vite autour d’elle et vient se solder par son dos atterrissant sur un matelas. Elle ne va pas se plaindre de cette nouvelle surface plus agréable que celle de ce mur rugueux et froid, cependant Hannah ne sait si son petit sourire satisfait est dû à ce changement de lieu ou à ses chaussures qu’elle voit voler par-dessus les épaules d’Ethan. Il est plus probable que ce soit à cause des doigts d’Ethan quand ils se sont amusés à redescendre le long de sa jambe. C’est sa tête qu’elle penche légèrement en arrière, sa lèvre inférieure coincée entre ses dents et le bout de ses doigts qui s’accrochent doucement au drap. Hannah ne s’inquiète pas, elle sait que cette sensation qui parcourt l’ensemble de son corps sera bientôt satisfaite, qu’elle va vite retrouver le corps d’Ethan contre le sien sans vêtement pour venir jouer les trouble-fêtes.

Une certitude qui vole en éclat quand, après qu’il ait repris la parole, Ethan se décide à… Prendre son temps. Ce pantalon descend beaucoup trop lentement, Hannah ne s’était pas préparée à cela. Ça ne lui convient pas. Elle ne vient pas de poireauter deux mois au fin fond du monde pour que Monsieur se décide à aller aussi vite qu’un escargot tétraplégique ! Les coudes de la sorcière viennent prendre appui sur le lit pour se redresser, bien déterminée à faire en sorte que les choses se passent autrement. Une envie soudaine aussitôt stoppée par la main du vampire qui vient la repousser contre le matelas pour qu’elle reste en place. C’est un grognement de frustration et un peu d’énervement que sa tête vient se poser à nouveau. Elle est Hannah Johnson et il est hors de question qu’elle se laisse faire de cette manière. Il ne veut pas qu’elle bouge ? Très bien ! Elle usera donc de provocation, ça a toujours été facile de trouver quoi dire pour le secouer un peu.

La première tentative de parole est stoppée par une morsure qui, sans même qu’elle ne se contrôle, entrainent ses doigts à s’enfoncer dans les draps. Et voilà : Hannah le déteste à nouveau. Elle le déteste pour cette manière qu’il a de brimer ses mouvements et ses paroles. Elle le déteste de ce qu’elle vit comme une sorte de manque d’indépendance et de libre-arbitre. Elle le déteste surtout pour les réactions qu’il provoque sur son corps qui en demande encore. Il y a toujours eu une forme de torture dans leurs échanges, la nature a peut-être changée mais les bases restent là : c’est le corps d’Hannah qui se retrouve toujours à supplier que les choses accélèrent pour trouver une finalité libératrice. Elle avait presque oublié ce pouvoir qu’Ethan pouvait avoir sur elle, cette envie et ce besoin d’endurer tout cela pour quelque chose de plus grand. Elle le déteste pour cette volonté qu’elle a et qu’il plie sans difficulté quand, petit à petit, elle se met à vouloir protester non plus pour gueuler mais pour avoir une autre morsure. Faible sorcière sous les crocs d’un vampire. De ce vampire !  

C’est presque libérateur quand elle sent enfin ce jean quitter ses jambes, elle l’entendrait presque tomber lourdement au sol. Cependant ce sont ses sourcils qui se froncent quand Ethan remonte son visage jusqu’au sien et qu’elle voit ce sourire qu’il arbore si fièrement. Elle a atrocement envie de lui faire ravaler. « J’ai bien fait de faire effacer les autres avant de venir ici alors, sinon tu n’aurais pas eu beaucoup de place. » C’est débile ce genre de provocation, ce n’est même pas crédible. En tout cas, ça ne l’est pas pour elle. Hannah est vexée par ce jean qui a mis trop de temps à s’enlever, frustrée par ce sourire qu’il affiche trop clairement. Sa seule manière de répondre a toujours été par des provocations alors que, dans son fort intérieur, elle a seulement envie de lui hurler et lui promettre que ce corps, son corps, ne trouvera que ses morsures à lui. Et dire que quelques minutes plus tôt elle se vantait d’avoir déjà gagné la partie.

Hannah ne se rend même pas compte de sa jambe qui remonte lentement contre celle d’Ethan, qui vient arrêter sa course repliée contre la hanche du vampire. Pas plus qu’elle ne prend garde à ses doigts qui viennent déboutonner ce pantalon qu’il ne devrait plus avoir depuis longtemps. Son regard reste braqué dans celui d’Ethan alors qu’un nouveau petit sourire vient retrouver le chemin de son visage. « Mais j’apprécie que tu prennes la peine de choisir des endroits que je pourrais facilement cacher… » Elle marque un petit temps d’arrêt, hausse doucement les épaules comme elle le peut avec ce sourire qui se fait un peu plus provoquant et ironique. « … Il ne faudrait pas que d’autres pensent que je suis ta propriété. » C’est drôle de voir comment les choses peuvent changer. Hannah avait détesté ce terme quand Bastian l’avait employé. Elle le détestera probablement à un autre moment. Mais, à cet instant, ça lui convient pourtant très bien.

Hannah en profite pour se redresser légèrement, faire courir ses lèvres le long du cou d’Ethan pour remonter doucement jusqu’à son lobe d’oreille. Et surtout, elle en profite pour que ses mains fassent glisser le pantalon du vampire.

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Premier avertissement dans un grognement et déjà une petite voix qui demande à Hannah de s’arrêter, de se taire et de ne pas aller plus loin dans ses provocations. Elle pousse toujours trop loin et ne pense même pas ses paroles alors à quoi bon continuer ? Il faut qu’elle apprenne à faire autrement, qu’elle comprenne qu’il y a d’autres méthodes que celle d’être acerbe dès que quelque chose la dérange. Les mots continuent de lui échapper, elle sait qu’elle peut le regretter comme ça a pu être le cas la dernière fois qu’ils se sont vus… Il y a une éternité. Deuxième avertissement. La petite voix crie encore plus fort pour lui demander de grandir un peu et d’arrêter ses conneries, mais elle n’écoute pas. Hannah ne sait pas faire autrement et elle ne peut pas se permettre de prendre le temps de réfléchir à un autre moyen d’exprimer sa frustration, c’est tout de suite qu’elle doit répondre avec les moyens qu’elle possède.

Tu l’auras voulu… Une seconde. C’est le temps qu’il faut à Hannah pour avoir ce moment de doute dans son regard, pour se demander s’il va la laisser en plan comme la dernière fois. Ce serait bien fait pour elle, lui assure cette petite voix, Hannah n’a qu’à apprendre de ses erreurs. Une seconde. C’est le temps qu’il lui faut pour déjà avoir envie de s’excuser, de dire qu’elle est désolée et qu’elle ne réfléchit pas assez. Une seconde. C’est le temps qu’elle a pour ouvrir la bouche, mais sans avoir l’occasion de prononcer le moindre mot. Ses excuses, sa panique qu’il fuit à nouveau, ses inquiétudes, tout se retrouve noué dans sa gorge. Bloqué par un soupir de surprise, d’aise, de bien-être et de tout un tas d’autres d’émotions qu’il est bien le seul à être capable de provoquer chez elle. Une seconde. C’est le temps qu’il faut pour que son monde bascule, pour comprendre qu’il n’y a plus rien d’autre qui compte hormis son corps à lui, ses caresses, ses lèvres et ses crocs.

Le temps se fige pour leur appartenir, à eux. Rien qu’à eux. Hannah arrête de réfléchir et se perd dans les bras du vampire, dans les mouvements de leurs corps et ce tout un peu particulier qu’ils peuvent former. Elle perd la notion de tout sous des sensations bien trop intenses que son imagination, durant ces deux derniers mois, n’a jamais été capable de reproduire. Plus que jamais, c’est lui qu’elle veut, à lui qu’elle veut être malgré tout ce qu’elle peut exprimer à voix haute. C’est à lui qu’elle s’abandonne, encore et encore, jusqu’à ce que l’épuisement ait raison d’elle. Jusqu’à ce qu’elle n’ait même plus la force de maudire son propre corps d’être trop humain et d’avoir ses propres limites en termes d’endurance.

Hannah s’était dit que si elle devait quitter la Norvège, elle passerait sa première nuit le nez planté dans les étoiles pour profiter de cette obscurité si particulière qui lui avait tant manqué. De cette nuit, Hannah n’en aura pas vu grand-chose et ça ne sonne même pas comme un regret dans son esprit endormi et apaisé. Elle sait qu’elle aura d’autres occasions pour contempler cette nuit. Une certitude qu’elle n’a pas concernant Ethan alors, finalement, entre lui et l’obscurité, le choix était vite fait. Elle ne se perd même pas dans des rêves étranges, son sommeil est des plus calmes. Reposant. C’est même étrange, mais pas désagréable, de se retrouver à ouvrir les yeux sur un Ethan qui regarde le plafond. L’inspiration du réveil est profonde, agréable, assez pour qu’un léger sourire pointe sur ses lèvres.

Cependant, il disparait bien vite pour une expression interrogative quand le vampire explique s’être posé une question. De mémoire, ce n’est jamais bon quand l’un ou l’autre commence à s’interroger sur quelque chose, encore plus quand ça les concerne. La suite du programme ? Maintenant qu’elle est de retour ? Les sourcils d’Hannah se froncent encore plus, se demandant ce qu’il veut dire exactement. Elle n’est pas le genre à prévoir, à réfléchir à des suites ou même à se poser des questions. Encore moins au réveil. Hannah se redresse, pousse des mèches devant ses yeux pour les ramener sur le reste de ses cheveux sûrement en bataille. « La suite du programme ? » Elle frotte ses yeux un instant comme si ça allait lui permettre d’y voir plus clair. « Trouver mes fringues et manger un truc. Ça me semble être un bon début. »

Elle se relève, grimace un peu sous le coup de plusieurs courbatures et cherche ses vêtements du regard. Impossible de trouver quoique ce soit dans ce bordel. Première envie et déjà premier abandon de sa part. C’est dans l’armoire d’Ethan qu’elle vient chopper une chemise avant de l’enfiler et de sortir de la chambre avec l’idée d’atteindre la cuisine. C’est dans le couloir du rez-de-chaussée qu’elle marche sur le débris de quelque chose, lui laissant échapper une plainte et un grognement, avant de se retrouver à sautiller sur un seul pied en attendant que la douleur passe. Elle gueulerait bien sur le foutoir qu’il y a dans ce manoir mais, en réalité, elle n’est pas certaine que ce débris en question ne soit pas le résultat de leur passage, cette nuit, dans le couloir.

Arrivée dans la cuisine, c’est le frigo qu’elle ouvre pour… Rien. En même temps, ce n’est pas comme si ce manoir était fait pour des humains. Le problème c’est que l’aspect physique de cette nuit, la perte de sang par diverses petites morsures sont des raisons assez légitimes pour se retrouver à avoir faim. Bon, peut-être qu’il y a quelque chose qui se cache dans les placards de cette cuisine. C’est sur la pointe des pieds qu’elle commence à fouiller comme elle le peut. En réalité, elle ne fait que survoler l’intérieur des meubles, sont esprit n’arrivant pas à se détacher de la question d’Ethan qu’elle trouve de plus en plus étrange. Il n’y a aucun intérêt à ce qu’il lui demande se qu’elle comptait faire dans les minutes à suivre, surtout qu’il a précisé les plans pour la suite maintenant qu’elle était revenue. C’est quand elle entend du bruit derrière elle qu’une illumination se fait dans son cerveau et qu’elle se retourne rapidement vers le vampire.

« Attends. Quand tu parlais de suite du programme, tu voulais dire, euh… A plus long terme que les dix prochaines minutes ? » A plus long terme comment ? Sur la journée ? La semaine ? Le mois ? C’est Ethan, forcément qu’il voit plus loin, il planifie tout, pense à tout, cherche toutes les options pour essayer de suivre le meilleur itinéraire. Une façon de fonctionner qu’elle ne partage absolument pas, elle est même tout l’inverse. Il se peut qu’elle panique légèrement à cette idée. Pas que la notion d’un « eux deux » soit flippante – quoique, peut-être un peu aussi – mais c’est surtout qu’elle sait qu’elle fait tout foirer à un moment où à un autre.

« Ta sœur m’a demandé de venir te voir uniquement parce que tu n’allais pas bien. » Cependant, Hannah n’est pas le genre de personne qu’on contraint à faire quelque chose alors cette demande lui convenait bien aussi si elle venue jusqu’au manoir. « Et je trouve ça presque aussi débile qu’Hayden qui misait un peu sur moi quand tu as éteint tes sentiments. » Ils sont bizarres dans cette fratrie à lui prêter des dons qu’elle ne pense pas avoir concernant Ethan. « Mais, tu vois, dans le fond je ne suis pas sûre qu’ils aient raison et je ne sais pas comment ils imaginent les choses parce que… » C’est d’une inspiration dont elle a besoin pour essayer d’organiser ses pensées. « Ça fonctionne peut-être à un moment, au début mais… Y a toujours cet instant où je finis par faire un truc de complètement débile et qui finit par te porter préjudice. » Que ce soit physiquement ou dans les plans qu’il prévoit. « Je ne peux pas te dire la suite du programme, je ne suis déjà pas en accord avec moi-même. Il y a une partie de moi qui ne veut pas quitter cet endroit, quand l’autre me dit de le faire le plus vite possible avant de regretter d’avoir encore agi de travers. »